Infectiologie

La vaccination à l’heure du rattrapage

Par
Publié le 25/10/2021
Article réservé aux abonnés

Au-delà des campagnes de vaccination anti-grippe ou anti-Covid, la vaccination de tous les jours constitue un enjeu majeur de prévention. Alors que l’épidémie a bousculé les pratiques, petite piqûre de rappel sur les grands principes du rattrapage vaccinal.

Crédit photo : VOISIN/ PHANIE

Même si le phénomène est difficile à apprécier de façon précise, le Covid-19 a exacerbé un problème de fond : le retard vaccinal d’une partie non négligeable de la population.

Et si la plupart des retards conjoncturels liés aux premiers confinements semblent avoir été résorbés chez les nourrissons, de nombreux rappels sont passés à l’as. En France, depuis le début de la pandémie de Covid, on dénombre ainsi environ un million de rappels vaccinaux manquants pour les enfants, adolescents et adultes, soit un rappel sur quatre non effectué.

On dénombre environ un million de rappels vaccinaux manquants pour les enfants, adolescents et adultes.

Alors que moins d’un jeune sur deux serait à jour de ses vaccins et seuls 40 % des plus de 45 ans auraient effectué tous leurs rappels, le rattrapage vaccinal est donc plus que jamais d’actualité.

Des recommandations spécifiques

En France, des recommandations officielles sur les modalités de rattrapage en cas de statut vaccinal incomplet, incomplètement connu voire inconnu ont été publiées en 2020 par la Haute Autorité de santé (HAS) et la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF). Avec un message fort : la vérification du statut vaccinal et la mise en œuvre d’un rattrapage doivent être promus auprès et par tous les professionnels de santé, en particulier à des moments clés (consultation pour tout motif médical, scolarité, grossesse, visite de prévention ou d’embauche…).

« Le rattrapage vaccinal concerne toute vaccination inadéquate nécessitant une mise à jour du statut vaccinal de l’individu, précise le Pr Jean-Louis Koeck, agrégé du Val-de-Grâce (Paris) et expert pour le site indépendant Mesvaccins.net. Ce peut être une sous- mais aussi une sur-vaccination par rapport aux recommandations, ou des schémas incomplets ou inadaptés, par exemple lors de la vaccination antipneumococcique dont le schéma est complexe tant au niveau de la chronologie des injections que des différents vaccins à administrer. » Mais la situation la plus courante est un statut vaccinal incomplètement connu voire inconnu. La personne est alors considérée comme non vaccinée et de manière générale, il n’y a pas de risque à la revacciner, stipulent les recommandations de la HAS.

En revanche, « recommencer le schéma vaccinal depuis le début si l’on a manqué une dose n’est pas la bonne option car toutes les doses de vaccin reçues comptent indépendamment du délai écoulé depuis la dernière dose administrée », rappelle le Pr Koeck.

Parmi les autres grands principes du rattrapage vaccinal : le fait qu’aucune association n’est déconseillée (s’agissant des vaccins du calendrier vaccinal français), à l’exception de l’administration des vaccins vivants contre la fièvre jaune et du ROR pour lesquels un délai minimum de 28 jours entre les injections doit être respecté si possible. De plus, afin de permettre un rattrapage rapide, jusqu’à quatre injections peuvent être réalisées lors d’une séance de vaccination, à la condition d’espacer les sites d’injection d’au moins 2,5 cm.

La sérologie, rarement utile

Concernant l’usage des sérologies, en cas de statut vaccinal inconnu, le dosage des anticorps antitétaniques et des anticorps anti-HBs en postvaccinal 4 à 8 semaines après une injection peuvent être utiles pour guider le rattrapage. Au-dessus d’un certain seuil, on peut considérer cette dose comme un rappel. En revanche, les autres sérologies (rougeole, diphtérie, etc.) et les tests rapides (tétanos, anti-HBs, anti-HBc) ne sont pas recommandés.

En ce qui concerne la rougeole, la sérologie n’est pas très fiable et vu qu’il n’y a pas de souci à répéter les doses de ROR sans preuve vaccinale, on peut compléter le schéma pour atteindre deux doses sans arguments sérologiques , détaille le Pr Koeck. Pour la coqueluche, la sérologie n’est pas non plus nécessaire dans la mesure où l’on estime que, quelle que soit l’antériorité vaccinale, « reprendre une primo-vaccination n’est pas utile et une dose de rappel suffit, du fait de l’exposition naturelle aux antigènes. »

Le numérique, une solution pour lutter contre l’oubli ?

Avant l’hésitation vaccinale, l’ennemi n°1 de la vaccination est l’oubli et la méconnaissance par les patients de leur statut vaccinal. Il a été établi que des rappels par SMS, même non personnalisés, sont efficaces pour contrer les oublis.

D’où les espoirs portés par le carnet de vaccination numérique, lequel a été pré-sélectionné comme application accessible dans Mon espace santé, qui sera ouvert aux citoyens français le 1er janvier 2022. À cette occasion, un système d’aide à la décision vaccinale par intelligence artificielle prendra en compte les spécificités de chaque individu pour des conseils vaccinaux individualisés avec des dates de rappel précises.


Source : Le Généraliste