LANCÉE le 1er janvier, la rémunération sur objectifs permet aux médecins de bénéficier d’une prime en fonction de l’atteinte d’objectifs de santé publique (29 indicateurs portant sur l’organisation du cabinet, les pathologies chroniques, la prévention et l’efficience). Malgré les critiques de l’Ordre et de syndicats, le P4P a rallié à sa cause une grande majorité de médecins. Seulement 1 750 généralistes (3 %) et 2 500 spécialistes (4,5%) ont refusé d’entrer dans le dispositif, selon l’assurance-maladie (1).
Le déploiement du P4P se heurte toutefois à plusieurs obstacles.
Certains critères retenus sont aujourd’hui soumis à débat scientifique, explique le Dr Gilles Urbejtel, vice-président de MG France, monsieur « P4P » du syndicat. C’est le cas pour la prescription de l’aspirine chez les patients diabétiques ou la fréquence du dépistage mammographique. Le collège de médecine générale (CMG) et la Haute autorité de Santé (HAS) doivent se prononcer sur ces sujets. « Il sera nécessaire de faire évoluer les indicateurs », affirme le Dr Urbejtel.
Deuxième difficulté : les statistiques individuelles auxquelles les généralistes avaient accès en décembre sur le site Espace Pro dataient de juin 2012. « Les médecins doivent disposer de chiffres actualisés pour leur permettre de corriger leur pratique », explique Gilles Urbejtel. Dernière contrariété : les généralistes doivent remplir cinq indicateurs cliniques déclaratifs avant le 31 janvier 2012. Las, « la plupart des médecins ne connaissent pas le nombre exact de leurs patients diabétiques et beaucoup se demandent comment les comptabiliser, poursuit le Dr Urbejtel. Très peu de logiciels métiers sont adaptés au P4P ».
Les syndicats vont aider les médecins à peaufiner leurs estimations mais les premières déclarations risquent d’être réalisées « au doigt mouillé ».
Difficile extension aux spécialités.
Le bonus annuel devrait être versé aux généralistes en avril 2013. Son montant devrait avoisiner les 4 500 euros, soit la moitié des 9 100 euros que toucherait un "super généraliste" qui remplirait 100 % de l’ensemble des indicateurs (2). Les spécialistes ne peuvent prétendre qu’aux 1 850 euros portant sur l’organisation du cabinet.
Ouvert en priorité aux médecins de famille, le P4P a été étendu aux cardiologues le 1er juillet et il doit l’être aux gastroentérologues d’ici la fin de l’année. « Je suis satisfait des avancées mais cela va trop lentement, déplore le Dr Jean-François Rey, président de l’UMESPE-CSMF. La CNAM veut peaufiner son chef-d’œuvre mais à vouloir trop aller dans les détails nous n’avançons pas ». Initialement, le P4P devait concerner avant la fin de l’année 4 nouvelles spécialités (avec les endocrinologues et les pédiatres). Mais les partenaires patinent. « Il faut inventer la méthodologie, car les traceurs de l’assurance-maladie sur nos prescriptions sont trop pauvres », analyse le Dr Rey. S’il veut conquérir la profession, le P4P devra lui aussi être performant.
(1) Contactée par le Quotidien, l’assurance-maladie n’a pas souhaité commenter le dispositif de rémunération sur objectifs.
(2) Le barème comprend 1 300 points dont la valeur unitaire a été fixée à 7 euros.
Article suivant
Dépassements d’honoraires, le feuilleton de l’année
Le P4P doit encore trouver ses marques
Dépassements d’honoraires, le feuilleton de l’année
La métamorphose difficile de la médecine du travail
Le DPC a pris ses quartiers
Le chemin tortueux et chaotique du DMP
L’âpre combat des jeunes pour préserver leur liberté
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature