Prévention cardiovasculaire primaire

L'éclairage de HOPE-3

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Publié le 25/04/2016
Hope-3

Hope-3
Crédit photo : Phanie

Le retour de la courbe en J

Le retour de la courbe en J
Crédit photo : VOISIN/PHANIE

L’étude Heart Outcomes Prevention Evaluation 3 (HOPE-3), avait pour objectif de déterminer le bénéfice par rapport au placebo d'une statine, de deux antihypertenseurs, ou de l’association de la statine et des deux antihypertenseurs chez des patients n’ayant pas d'hypertension artérielle, ni d'élévation du LDL et considérés à risque intermédiaire de complications cardiovasculaires.

Les principaux critères d’inclusion dans HOPE-3 étaient d’être une femme d’au moins 60 ans ayant au moins 2 facteurs de risque cardiovasculaires ou d’être une femme d’au moins 65 ans ou un homme d’au moins 55 ans ayant au moins 1 facteur de risque CV. Ces facteurs de risque étaient un rapport taille/hanche ≥ 0,85 chez la femme et ≥ 0,90 chez l’homme, un tabagisme en cours ou arrêté depuis moins de 5 ans, un HDL < 1,3 mmol/l chez la femme et < 1,0 mmol/l chez l’homme, une dysglycémie ou un diabète non compliqué traité par la diététique seule, une insuffisance rénale ou microalbuminurie avec un DFG estimé < 60 ml/min/1,73 m2, une créatinininémie > 124 μmol/l (1,4 mg/dl) sans protéinurie et sans élévation de la PA > 130/80 mmHg, des antécédents familiaux de maladie CV précoce (< 65 ans chez une femme et < 55 ans chez un homme) chez des parents du premier degré. Il n’y avait pas de critère lipidique pour l’inclusion, ni de cible lipidique.

 L'étude a inclus 12 705 patients, âgés en moyenne de 65,7 ans, dont 46 % de femmes ; 5,8 % des patients avaient un diabète ; le taux moyen de LDL était de 1,28 g/l, la PAS/PAD moyenne de 138/82 mmHg.

Les patients ont été randomisés pour recevoir un traitement par rosuvastatine ou un placebo et une association candesartan/hydrochlorothiazide ou un placebo avec un suivi moyen de 5,6 ans.

Deux critères primaires ont été évalués. Le premier associait décès cardiovasculaire (CV), infarctus du myocarde (IDM) non fatal et accident vasculaire cérébral (AVC) non fatal ; le deuxième comprenait les éléments du premier critère plus les arrêts cardiaques ressuscités, les insuffisances cardiaques et les revascularisations artérielles.

 

HOPE-3 statine : un bénéfice réaffirmé 

 

La partie de l’étude HOPE-3 évaluant l’effet d'une statine contre placebo en prévention cardiovasculaire (CV) primaire démontre de nouveau qu’une statine réduit le risque d’événements CV majeurs.

La statine évaluée était la rosuvastatine à 10 mg/j et, pour être inclus, les patients devaient tous avoir reçu le traitement préalablement pendant 4 semaines, l’avoir bien toléré, et pris de façon telle qu’ils pouvaient être considérés comme observants.

Le taux de LDL qui était de 1,28 g/l à l'inclusion a diminué de 26,5 % sous rosuvastatine par rapport au placebo.

Au terme du suivi moyen de 5,6 ans, il y a eu significativement moins d’événements du premier critère primaire sous rosuvastatine que sous placebo (235 [3,7 % vs 304 [4,8 %] ; HR : 0,76 ; IC 95 % : 0,64-0,91 ; p = 0,002) et moins d’événements du second critère primaire (277 [4,4 %] vs 363 [5,7 %] ; HR : 0,75 ; IC 95 % : 0,64-0,88 ; p < 0,001). Le résultat a été homogène dans tous les sous-groupes analysés : homme ou femme, hsCRP basse ou élevée, pays d’origine des patients…

Il y a eu une réduction significative du risque d’IDM (45 [0,7 %] vs 69 [1,1 %] ; HR : 0,65 ; IC 95 % : 0,44-0,95) et du risque d’AVC (70 [1,1 %] vs 99 [1,6 %] ; HR : 0,70 ; IC 95 % : 0,52-0,95). Il n’y a pas eu de différence significative sur les taux de décès (334 [5,3 %] vs 357 [5,6 %] ; HR : 0,93 ; 0,80-1,08 ; p = 0,32).

Dans le groupe sous rosuvastatine, il n’a pas enregistré de majoration du risque de diabète ou de cancer mais une augmentation de l’incidence des chirurgies pour cataracte (3,8 vs 3,1 % ; p = 0,02) et des symptômes musculaires (5,8 vs 4,7 % ; p = 0,005).

 

Une controverse irrationnelle

 

Si le laboratoire qui développe et commercialise la rosuvastatine a fourni le traitement pour l’étude, il n’a pas pris part à son déroulement, l’étude a donc été un essai indépendant. Elle confirme les données de toutes les études antérieures : quel que soit le niveau de risque, quelle que soit la valeur des paramètres lipidiques, une statine permet de réduire le risque CV en prévention primaire aux prix d’effets indésirables modérés, réversibles pour la plupart à l’arrêt du traitement. Les statines font partie des traitements les plus évalués parmi ceux disponibles et dont le rapport bénéfice-risque est le mieux précisé et est favorable. Quand cessera la campagne de dénigrement dont elles font l’objet ?

Yusuf S et al. NEJM 2016 Apr 2

Dr François Diévart
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Source : Le Quotidien du médecin: 9491