Prévention, dépistage mais aussi appareillage… Pour le Dr Francis Abramovici (Lagny-Sur-Marne), la chose est entendue : les généralistes ont clairement un rôle à jouer dans la santé auditive. Un message porté haut et fort lors d’une session plénière co-organisée avec la Fondation pour l’audition.
Comme l’a rapporté le Dr Jean-Claude Soulary (Dechy), un tiers des 18-75 ans présentent un trouble de l’audition. Et la moitié des jeunes « sont à risque de développer une forme de surdité par leurs pratiques d’écoute de musique ». Or la perte d’audition n’est pas sans conséquence médicale. En plus de favoriser conflits et isolement, elle constitue un facteur de risque de dépression et de démence.
D’où l’importance de la prise en charge et, préalablement, du repérage. D’autant que l’hypoacousie n’est pas facilement reconnue par le patient, « la plainte venant souvent de l’entourage », remarque le Dr Soulary.
Pour le moment, les troubles auditifs « ne sont pas assez dépistés en cabinet », déplore le généraliste. « En France, on a un dépistage néonatal de la surdité et un suivi par les services de santé au travail (pour les professionnels exposés au bruit) mais rien dans l’intervalle », ajoute Arnaud Porte, directeur du pôle sociétal de la Fondation pour l’audition.
Une application pour évaluer le capital auditif
Afin de favoriser et faciliter l’identification des troubles de l’audition, de nouveaux outils sont créés. À l’instar de l’application Höra, élaborée par la Fondation pour l’audition et présentée au congrès. Cet outil permet d’évaluer le capital auditif et les troubles de l’audition en trois minutes grâce à un test de perception de la parole dans le bruit. Utilisable gratuitement au cabinet ou directement par le grand public à l’aide d’écouteurs simples, il oriente vers trois types de résultats : « audition normale, audition anormale ou déficit auditif sévère », détaille Arnaud Porte. Le Dr Soulary rappelle par ailleurs une vieille méthode de repérage : « cacher ses lèvres derrière une feuille de papier (pour éviter toute lecture labiale, ndlr) et poser une question ».
Au-delà du dépistage, « le généraliste a un rôle nouveau dans la primo-prescription d’audioprothèses », rappelle le Dr Francis Abramovici. En fait, comme l’explique Brice Jantzem, président du Syndicat des audioprothésistes, depuis la réforme du 100 % santé, une « nouvelle nomenclature » permet une prise en charge complète des audioprothèses par l’Assurance maladie et les mutuelles, avec une possibilité de primoprescription des dispositifs de classe 1 par les généralistes. Seule condition : une obligation de formation, entrée en vigueur fin 2022 après une longue période dérogatoire. En d’autres termes, pour primoprescrire, les omnipraticiens doivent suivre un « parcours en otologie », c’est-à-dire une formation DPC dédiée.
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