Au-delà des facteurs de risque traditionnels

Les liens entre microbiote et maladies cardiovasculaires

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Publié le 19/02/2018
microbiote

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Crédit photo : Phanie

Les travaux expérimentaux menés ces dernières années ont permis de mettre en évidence une association entre certains catalogues bactériens et la maladie athéroscléreuse symptomatique et de montrer que l’amélioration de l’immunité intestinale a un impact positif sur l’athérosclérose. Au niveau même des plaques, l’ADN bactérien est très riche et très diversifié. D’autres travaux ont montré que le microbiote joue un rôle dans la transformation de choline libre ou de phosphatidylcholine en TMAO (triméthylamine N-oxide), dont les taux plasmatiques sont corrélés au risque d’événement cardiovasculaire.

Plusieurs voies thérapeutiques s’ouvrent donc. On peut en effet agir directement sur le microbiote, par le biais de prébiotiques et/ou de probiotiques, sur la barrière intestinale en modifiant l’immunité intestinale ou encore sur les fragments bactériens ou les endotoxines.

L'impact bénéfique des prébiotiques

Il est aujourd’hui établi qu’une stratégie basée sur des antibiotiques n’est pas efficace pour modifier le microbiote, car le traitement ne cible pas un pathogène mais une flore qui est très résiliente. En revanche, une approche prébiotique fondée sur une diète méditerranéenne enrichie en noix ou en huile d’olive permet de réduire le risque d’événements cardiovasculaires majeurs de 30% à 5 ans, chez des patients par ailleurs très bien traités. C’est ce qui a été démontré dans l’étude PREDIMED. Les prébiotiques suscitent de nombreuses recherches et les fructanes de type inuline auraient de leur côté un impact bénéfique sur la fonction endothéliale, selon des travaux expérimentaux sur un modèle de souris.

La piste des probiotiques

Autre voie possible, le recours aux probiotiques, dont les effets sont souches spécifiques. Ils ont été largement étudiés dans la prévention et le traitement du diabète de type 2 et de l’obésité, avec des effets positifs dans certaines études : réduction de l’obésité abdominale, de l’indice de masse corporelle ou encore amélioration du profil métabolique glucidique. Mais d’autres essais se sont montrés négatifs et de plus amples analyses sont donc nécessaires.

Le type même des probiotiques testés évolue. Après les classiques lactobacilles et bifidobactéries, des probiotiques de nouvelle génération ont émergé, en se basant sur les résultats des travaux menés chez l’homme. Certaines archaebactéries, qui interagissent avec le métabolisme du TMAO, semblent ainsi prometteuses.  

Enfin, des travaux récents, encore au stade préclinique, suggèrent que le microbiote intestinal pourrait contribuer au métabolisme du cholestérol. 

D’après les communications du Pr Jacques Amar, Toulouse, de Philippe Lesnik, Paris, et de Philippe Langella, Jouy-en-Josas.

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin: 9641