Enquête

Les logiciels en quête d’obligations conventionnelles

Publié le 29/03/2012
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Crédit photo : DR

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Que l’on ait 20 000 clients ou 200… Il faut en passer par la nouvelle convention à laquelle seuls 3 % des médecins ont choisi de ne pas adhérer. L’avenir d’une solution métier est à ce prix. Et les utilisateurs ont été les premiers à interroger leur éditeur : Vous faites quoi pour mes points ? La CNAM a mandé le GIE SESAM-Vitale pour enquêter sur les intentions et les réalisations des éditeurs ; déjà trois enquêtes sont parues dont la dernière mise à jour le 9 mars *. À la première enquête, 35 éditeurs sur les 94 sollicités ont répondu. À la seconde, les retardataires se sont précipités. Altyse d’Adamis, Fisimed de FISI, Medimust de Must Info, MagicMed, éOmédecin, etc. font désormais partie de l’enquête. Les logiciels en ligne ne sont pas en reste (voir tableau page 20/21). Promis, juré, ils ont tous l’« intention » d’intégrer les téléservices de la CNAM et de passer la certification de la prescription selon le référentiel HAS.

Certification HAS : le dépôt validé avant le 31 mars

Pour cette dernière, il n’est plus urgent d’attendre. Pour acquérir en 2012 l’intégralité de leurs points (50 points, soient 350 euros, pour l’utilisation d’un logiciel d’aide à la prescription certifié) les médecins doivent avoir un logiciel dont l’éditeur a déposé sa demande de certification et en a reçu la validation le 31 mars au plus tard (voir sur le tableau des pages 14/19, les dépôts validés). Pour une certification d’ici à la fin de l’année. Sachant qu’au 9 mars, seuls deux logiciels étaient certifiés, AlmaPro et Crossway, on se bouscule au portillon du centre certificateur.

« Nous avions heureusement refait notre module de prescription l’an dernier mais il fallait déposer le nouveau dossier de certification avec Vidal Expert avant fin février pour que le dépôt soit validé avant fin mars, explique Marie Gouin, chef produit partie logiciel chez Sephira, du coup nous avons fait de la certification de Medicawin une priorité. »

Téléservices intégrés = remplissage automatique

Cela fait plusieurs années que certains téléservices de l’assurance-maladie sont disponibles via une interface Web. Le règlement arbitral de mai 2010 proposait même une prime de 250 euros aux médecins qui les utiliseraient à 75 % en 2011. Mais ce n’était guère pratique et très chronophage. Même avec un bouton AmeliPro intégré dans le logiciel, le médecin devait ressaisir toutes les données et ne pouvait récupérer aucune information. L’assurance-maladie a fini par prendre conscience de ce manque d’ergonomie. C’est ainsi que s’est créée fin 2010 au sein de la CNAM TS, une mission dédiée aux téléservices pour les professionnels de santé qui a travaillé avec un groupe d’éditeurs pilotes (dont CLM), comme l’a déclaré Annika Dinis, responsable de ce programme, à TIC Santé (24 janvier 2012). Les éditeurs ont reçu les composants nécessaires. Le CNDA (centre national d’agrément) a été chargé de procéder aux tests de conformité. La version définitive des tests de conformité de l’Historique des remboursements (HR) est disponible depuis le 17 novembre, la déclaration de médecin traitant (DMT) depuis le 3 décembre, la version définitive des Avis d’arrêt de travail (AAT) vient d’arriver. L’accord préalable (APE) et le Protocole de soins (PSE) sont prévus d’ici la fin de l’année. De nouveaux services vont voir le jour tant en mode Web qu’en mode intégré comme le certificat initial de déclaration d’accident de travail ou de maladie professionnel (AT-MP).

Une vingtaine au CNDA

Une vingtaine de logiciels ont entrepris l’intégration de HR/DMT selon le site du CNDA (www.cnda-vitale.fr). Certains éditeurs spécialisés dans la télétransmission intègrent les composants pour leurs clients éditeurs de solutions métiers. Même les plus petits, comme Ordolog (200 clients fidèles) affichent leur intention : « On n’a pas le choix, il faut faire évoluer le logiciel », dit Thierry Gauthier qui se lance en priorité dans la certification HAS. A la date du 18 mars, le CNDA n’avait autorisé la diffusion avec HR de cinq logiciels de CLM (Cegedim Logiciels Médicaux) et d’Axiam de CGM (CompuGroupMedical). On attendait de nouvlles uatorisation pour fin mars.

« La convention reconnaît le fait que la pratique du médecin se concentre autour du dossier patient et de la télétransmission, souligne Franck Frayer, président de CompuGroupMedical France, l’État a enfin compris que ses services ne s’imposeront qu’intégrés dans l’environnement de travail. C’est motivant pour l’éditeur de faire s’exprimer des services externes à travers son logiciel avec une grande ergonomie. »

Jean-François Magne, directeur commercial de CLM, se félicite de voir le marché « boosté » par la nouvelle convention, en distribuant Crossway, le « seul logiciel en mesure d’obtenir 100 % des points».« Il y a un vrai mouvement des médecins et une grosse proportion se tourne vers Crossway. La convention est un vecteur de modernisation des cabinets médicaux. » Pour CLM, les efforts consentis pour la structuration des données, devenue transparente pour les utilisateurs, « payent aujourd’hui. Nous étions prêts »

« Les médecins qui ne faisaient que la télétransmission sont en train de basculer. On a pris les devants avec des courriers explicatifs, souligne pour sa part Marilyne Minault, responsable d’Imagine Éditions (Hellodoc). On a mis en priorité ce qui nous semblait le plus important : l’intégration du HR et de la DMT qui est au CNDA. La synthèse, on l’a déjà »

«Tout éditeur ne peut qu’être satisfait de l’arrivée de cette convention qui donne sa place centrale au logiciel mais nous avons été pris un peu de court, reconnaît, Marie Gouin, chef produit partie logiciel chez Sephira, Pas mal de clients sont venus se renseigner pour se conforter dans l’idée que leur logiciel allait suivre. Il y a beaucoup d’impact sur le développement et encore faut-il avoir les bonnes informations de la CNAM. Notre logiciel Medicawin est plutôt conforme. De même depuis octobre, nous intégrions l’historique des remboursements mais pas selon les spécifications du CNDA. L’HR est en cours, les autres téléservices suivront. »

« Une cinquantaine de nos clients Shaman ont reçu des visites des délégués de la CPAM leur expliquant qu’ils n’allaient pas obtenir leurs points, explique Yves Martin Ouvrez la Boîte, il a fallu leur expliquer que cela se mettait en place. Le pic d’inquiétude est passé. Les téléservices sont assez bien faits et seront intégrés pour septembre en même temps que le dernier cahier des charges SESAM-Vitale » (N.D.L.R. addendum 6)

L’affichage est très normé et la concurrence va se jouer sur l’ergonomie de l’intégration.

Augmentation des tarifs ?

Pour l’éditeur, ces développements ne sont pas gratuits. Le processus de certification HAS de la prescription exige de passer devant l’organisme certificateur accrédité, soit 3 000 euros HT par passage plus les frais de déplacement du technicien qui se déplace chez l’éditeur. L’intégration des téléservices avec les composants distribués par l’assurance-maladie prend également du temps.

CGM va répercuter les coûts à partir du 1er avril. Les utilisateurs d’Axisanté ont reçu une lettre leur expliquant que les développements pour le DMP, la certification HAS et l’intégration des téléservices les obligeaient à porter à 94 euros TTC/mois les prestations de mise à jour et de maintenance. « L’environnement devient de plus en plus complexe, souligne Franck Frayer, le monde du logiciel est une industrie et si on se prive de moyens, on ne peut plus rien développer de nouveau » en remarquant que l’informatique médicale reste moins chère en France que dans le reste de l’Europe.

CLM laisse le choix à ses utilisateurs, puisqu’il propose un Pack Service réglementaire intégré (SRI), vendu en plus, réunissant la télétransmission, l’accès au DMP, le tableau de bord pour les indicateurs et les téléservices au fur et à mesure de leur intégration.

Marilyne Minault assure qu’elle conservera sa maintenance/mise à jour à 330 euros/an et lance la nouvelle version Hellodoc V4.65 New qui intégrera le LAP certifié et les Téléservices. Sephira dit conserver les mêmes prix.

La fin de la télétransmission sans ordinateur

Toutes les solutions intégrées sont en train d’évoluer. Leur clientèle se caractérisait soit par le refus de l’informatisation, soit par le souci de séparer la télétransmission du logiciel de gestion sur l’ordinateur.

Dernier entrant sur le marché, In’DI de CBA a essentiellement séduit des médecins non informatisés. Qui devront aujourd’hui changer leurs habitudes s’ils veulent acquérir des points. « On a décidé de proposer un logiciel métier », explique Marc Birling, président de CBA, qui édite également le logiciel Agathe pour les infirmières. Non de code « In’Medic ». Le dossier médical permet de prendre en compte les cinq indicateurs. « Notre avantage, c’est de partir d’une feuille blanche et de bénéficier des avancés technologiques, il s’agit donc d’un logiciel en mode SAS (dans le Cloud cf. notre dossier de décembre 2011) que l’on a voulu séduisant et ergonomique. » Avec un partenariat avec un hébergeur agréé HADS pour la sauvegarde des données médicales. Et le Vidal pour l’aide à la prescription « In’Medic » sortira en octobre avec les téléservices intégrés.

Même préoccupation chez Sephira où l’on propose aux clients Intellio, désireux de conserver une télétransmission indépendante, une offre préférentielle de passage sur Medicawin pour gérer leur dossier patient. L’accès aux téléservices passe par Webintellio. Cependant, remarque Marie Gouin, un client Intellio s’il possède un ordinateur a un accès direct à Espace Pro et pourra tout de même toucher ses 525 euros (mais sans intégration, c’est moins pratique).

Saficard s’oriente, pour ses clients Ingenius, vers un partenariat avec un éditeur de logiciel métier engagé dans le processus de certification et d’intégration. Dont il assurera en retour les évolutions pour la télétransmission.

Même les accros du minitel de Meditrans dont les parts de télétransmission baissaient au fil des mois, vont passer sur un ordinateur. Une sorte de PC pour les Nuls, selon Nasser Makouf, qui a choisi un appareil tout en un avec écran tactile. Sa solution sera annoncée en avril sous le nom de PowerFSE. Ses partenaires : MedIntux, sous Linux pour le logiciel métier et Pyxvital pour la télétransmission 1.40.

Le DMP au second plan

Les éditeurs ne peuvent pas tout faire.

« La convention nous a donné du travail, un planning, on a déjà un outil de synthèse du dossier, on est en train d’intégrer les téléservices, on a passé notre certification pour le LAP, explique Thierry Kauffmann dont le logiciel Medistory est maintenant certifié. Le vrai DMP, c’est un projet ambitieux mais au lieu de ça on assiste à l’alimentation du dossier par tout et n’importe quoi et il n’y a pas d’aide pour le médecin ; Pour Medistory pour iPad, l’intégration du DMP sera facilitée.

« La DMP, c’est du temps supplémentaire sans contrepartie financière, souligne Jean-François Magne, la phase d’expérimentation à laquelle nous avons participé s’est arrêtée le 15 mars. Le DM Pro lancé avec la CSMF autour de l’échange d’un volet médical de synthèse (VMS) a été retenu dans les opérations pilotes pour les usages. Une quarantaine de médecins vont continuer à l’expérimenter dans la région d’Ambroise.

Chez CGM, qui a une équipe permanente dédiée DMP, on apprécie l’approche « un pied devant l’autre » de l’ASIP Santé mais le sujet est assez politique et a besoin d’un soutien.

Le 15 mars dernier, à la conférence de l’ASIP Santé à laquelle ont participé nombre d’éditeurs, Jean-Yves Robin, son directeur leur a tendu la perche : « En dehors du logiciel métier, point de salut ». Tandis qu’Anne Monier, directrice du Pôle Territoire de l’Agence, précisait qu’un 1% des médecins était équipé d’un logiciel compatible DMP à jour alors que les logiciels compatibles couvrent 60% du parc. Sans les médecins libéraux l’ASIP aura du mal à tenir ses objectifs ramenés à 300 000 DMP ouverts et utilisés d’ici fin 2012. Une campagne de publicité nationale sur l’intérêt de la mise à jour est prévue cette année. Mais l’ASIP Santé a identifié un autre frein et propose que l’intégration du DMP soit au programme P4P de l’assurance-maladie. Comme l’a rappelé Michel Gagneux, président de l’ASIP Santé, « la vision commune n’existe pas encore au niveau décisionnel ».

*Le GIE SESAM-Vitale met régulièrement à jour son enquête sur les éditeurs http://www.sesam-vitale.fr/offre/prestataire-de-soins/docs/supports-inf…

Marie Thomas

Source : Informatique et Web