LE QUOTIDIEN : Comment avez-vous abordé cette année délicate de préparation ? Avez-vous eu une pression supplémentaire après le fiasco des ECN 2017 ?
Pr MARC BRAUN : Oui, nous avons la pression de la qualité des dossiers que l’on écrit. Nous sommes en train de tirer les leçons de l'an passé. Le conseil scientifique a été victime de deux experts qui n’ont pas joué le jeu ! Ils ont été exclus. Le problème des années précédentes est que la production de sujets était devenue trop importante. La mission de l’IGAS a déposé ses conclusions à la fin de l’été. Elles sont riches en améliorations et c'est là-dessus que l’on capitalise. Cela nous a beaucoup aidés pour restructurer le conseil.
Quelles garanties pour les candidats cette année ? Qu’avez-vous changé ?
On a vraiment fait le maximum. Il y a eu l’écriture d'une charte déontologique avec un engagement sur l’honneur relatif à la confidentialité de l'écriture des sujets. Nous avons réduit drastiquement le nombre d’experts de 200 à 54, soit deux ou parfois trois experts par spécialité pour la production des questions. Nous nous sommes réunis deux fois en séminaire d’experts pour concevoir des sujets originaux. Ensuite, les secrétaires ont saisi l’ensemble des documents sur une plateforme sécurisée du ministère. Un troisième séminaire a permis aux experts de vérifier et de peaufiner ce qui a été entré sur la plateforme. On relit et on corrige les fautes. Enfin, l’ensemble de ces dossiers sont retravaillés une nouvelle fois par le conseil scientifique…
Quid du tirage au sort des sujets ?
Le tirage au sort reste habituel ; il n'a jamais posé de souci. Le problème se situe en amont autour du caractère original et attendu des questions. Nous sommes en train de faire évoluer les esprits.
Pour les ECN, les sujets sont originaux. Au mois de mars, lors des tests, les dossiers ont été extraits de SIDES [banque nationale qui permet l'entraînement des étudiants]. La docimologie a été retravaillée. Le fait d’utiliser des dossiers déjà joués sur SIDES permet de faire comprendre aux étudiants qu’avec un nombre limité d’items on ne peut pas créer quelque chose de totalement original tous les ans. Les étudiants disent assez régulièrement "la question n°4 sur telle ou telle maladie est déjà tombée". Évidemment ! Il n’y a pas 36 moyens de demander à un étudiant de savoir reconnaître une urticaire. On peut tourner la phrase de quatre ou cinq manières différentes, elle finira quand même par ressembler à des évaluations qui sont tombées dans d’autres facs. Le mythe du dossier vierge est en train de s’affaiblir dans l’esprit des étudiants.
La suppression des ECNi est préconisée dans un rapport d'experts [lire page 2]. Est-ce une bonne nouvelle ou du gâchis par rapport au travail de sécurisation des épreuves ?
C’est une excellente nouvelle ! Tout ce qui a été mis en place aujourd'hui continuera à servir sous une forme partielle. On peut être fiers de l’administration des épreuves, il y a un vrai savoir-faire. Mais les ECN actuelles, il faut que ça s’arrête le plus vite possible car le système est dévoyé. Que le système change c’est très bien. J’aimerais même que cela intervienne encore plus tôt que ce qui est suggéré. Le ministère décidera de la date de réforme du second cycle. Et les nouvelles épreuves bénéficieront de tout ce que nous aurons engrangé.
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