Bien mais peut mieux faire. Après les annonces positives d'Olivier Véran au congrès des internes de médecine générale (ISNAR-IMG), portant sur l'augmentation d'une indemnité de stage en zone sous-dense ou le strict respect du temps de travail, les jeunes restent sur leur faim.
Le nouveau ministre a pourtant consacré son premier déplacement en région aux futurs généralistes, réunis à Saint-Étienne. Souhaitant nouer une relation de confiance, le locataire de Ségur, 39 ans, n'est pas arrivé les mains vides. Il a promis un bonus financier sur l'indemnité forfaitaire d'hébergement pour les stages en zones sous-denses, qui passera de 200 à 300 euros. Lancée par Agnès Buzyn, cette prime vise à aider un interne à régler une partie de son loyer et de son transport lors de stages en zone fragile, à plus de 30 km de son CHU et/ou domicile. Outre le coup de pouce financier, cette condition kilométrique sera supprimée. Une manière d'attirer davantage de juniors.
En Occitanie, la majorité des internes bénéficient de cette aide financière. Son augmentation permettra de régler une partie du loyer et du transport en stage. « Nous avons souvent deux loyers à régler, le logement à Toulouse et celui en ambulatoire, parfois à deux heures de route, ça peut vite monter à 900 euros par mois », souligne Laurie Amar, du syndicat des internes de médecine générale de Midi-Pyrénées.
Les salaires d'abord
Si l'InterSyndicale nationale autonome des internes en médecine générale (ISNAR-IMG) salue ce premier geste, elle ne cache pas sa déception. « On aurait vraiment préféré une augmentation du salaire de base, indexée sur le coût de la vie », souligne Matthieu Thomazo, porte-parole.
De fait, l'indexation des rémunérations des internes sur le coût de la vie aurait eu davantage de portée. « Nous changeons de stage tous les six mois, il faut avancer la caution, ajouter l'essence, parfois je fais 2H30 de route sur une journée pour aller en cours et revenir en stage. Si on ne fait pas de gardes, ni de remplacements, ça peut être difficile », explique Laurie Amar. Anna Maria Di Giuseppe, présidente du Syndicat représentatif parisien des internes de médecine générale (SRP-IMG), estime elle aussi que le gouvernement doit aller plus loin. « Le bonus sur les stages en zone sous-dense est une mesure louable mais il ne faut pas que ce soit la seule, déclare-t-elle au « Quotidien ». Il faut développer les hébergements pour les internes. »
DES à quatre ans, pas si simple
Olivier Véran est également très attendu sur le respect du temps de travail. Sera-t-il le ministre qui réussira enfin à faire appliquer la durée maximale de 48H hebdomadaires et le repos de sécurité après une garde ? Les hôpitaux qui dérapent seront-ils pénalisés financièrement, comme promis ? Les juniors jugeront sur pièces. « Comment se dérouleront les contrôles du temps de travail dans les CME ?, s'interroge Anna Maria Di Giuseppe. Les tableaux de service, ce n'est pas nouveau et peu de services s'en servent. »
Quant à l'allongement du DES à quatre ans – « conviction » du nouveau ministre –, Olivier Véran attendra que les conditions soient réunies. Du côté de l'ISNAR-IMG, on a le pied sur le frein. « Le DES à quatre ans dans l'état actuel, c'est non, tranche Matthieu Thomazo. Les universités ont déjà bien du mal à mettre en place le DES en trois ans car nous manquons de maîtres de stage, de terrains de stages ambulatoires notamment en gynéco et pédiatrie. » L'inquiétude porte aussi sur le contenu de cette éventuelle année supplémentaire. Les jeunes veulent à tout prix éviter « une année de remplacement déguisé ».
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