Blouse blanche sur le dos, autocollants « interne en grève » sur la poitrine, une quinzaine d'internes en médecine se sont rassemblés ce jeudi devant le ministère de la Santé pour dénoncer les mesures visant à durcir les règles autour de la délivrance de la licence de remplacement pendant l'internat (en décalant l'obtention des licences). Munis de banderoles « Remplaçant irremplaçable », les jeunes ont réclamé le maintien des modalités actuelles.
Depuis plus de deux ans, l'Ordre, les représentants des internes, les enseignants ainsi que les conseils nationaux professionnels (CNP) de spécialité s'attellent à cette révision pour s'adapter à la réforme du troisième cycle (et aux nouvelles maquettes). L'Ordre et les doyens plaident pour une délivrance plus tardive des licences – après le SASPAS pour les internes de médecine générale et à partir du statut de docteur junior pour les autres spés (phase 3 de consolidation).
« Nous avons vu l'Ordre hier, nous sommes ici aujourd'hui, car c'est le ministère qui doit arbitrer », confie Gaétan Casanova, président des internes de l'ISNI, et auteur d'une pétition qui a recueilli près de 5 000 signatures en quelques jours. « En pleine pénurie de médecins, l’Ordre veut-il fermer des lits et cabinets médicaux en bloquant les internes remplaçants ? », interroge le syndicat.
Complément de revenus
Sous une bruine parisienne ce jeudi, Alix, interne en anesthésie-réa et membre de l'Association des jeunes anesthésistes-réanimateurs (AJAR) défend les conditions actuelles du remplacement. « Nous gagnons en autonomie, nous apprenons et nous restons supervisés. Ça nous donne l'opportunité de travailler en dehors du CHU, fait rare dans notre cursus », souligne-t-elle.
L'argument financier pèse aussi. En anesthésie-réanimation, les règles actuelles donnent le droit de remplacer après cinq semestres validés dont trois en anesthésie. Avec le durcissement, il faudra attendre 9 semestres…« Remplacer est un plus financier ! Cela permet à l'interne de payer une année de recherche mais c'est aussi sa seule source de revenus s'il décide de faire une mise en disponibilité d'un an », ajoute-t-elle.
« On sait placer le curseur »
Même constat chez Leïla Bouzlafa, présidente du Syndicat des internes de médecine générale d'Ile-de-France (SRP-IMG). « Le remplacement est un complément de revenus. Si une interne allonge son congé maternité par exemple, le remplacement devient sa seule source de revenus », abonde-t-elle.
Chez les internes de médecine générale, le remplacement est autorisé après trois semestres validés dont un chez le praticien. Demain, il faudrait attendre le stage ambulatoire en soins primaires en autonomie supervisée (SASPAS) après le 5e ou 6e semestre. Trop tardif pour le SRP-IMG pour qui le remplacement permet de mettre un pied dans l'installation. « Nos maîtres de stage sont très heureux de nous voir remplacer après le 3e semestre, témoigne-t-elle. Nous faisons les congés, les week-ends, ça nous encourage pour l'installation. On a déjà réalisé un stage chez le praticien, en médecine d'urgence et d'adulte, on sait placer le curseur pour savoir si on est capable de prendre en charge, d'orienter aux urgences ou vers un autre spécialiste. »
Les jeunes devaient être reçus ce jeudi par le conseiller formation/recherche du ministre de la Santé.
« L’accès au secteur 2 pour tous, meilleur moyen de préserver la convention », juge la nouvelle présidente de Jeunes Médecins
Jeu concours
Internes et jeunes généralistes, gagnez votre place pour le congrès CMGF 2025 et un abonnement au Quotidien !
« Non à une réforme bâclée » : grève des internes le 29 janvier contre la 4e année de médecine générale
Suspension de l’interne de Tours condamné pour agressions sexuelles : décision fin novembre