Que s’est-il passé lundi 20 octobre 2025, pour que l’un des examens les plus attendus du cursus médical tourne court à quelques minutes de la fin et laisse des milliers de carabins dans l’incompréhension la plus totale ? C’est la question que se posent, au lendemain de l’examen avorté, plus de 11 000 étudiants de sixième année ayant planché – pour rien – sur cette épreuve, au terme d’une journée chaotique marquée par des retards en série et de nombreux couacs organisationnels.
Un bug informatique sur le site de Lyon-Sud
Face à la stupeur générale, des explications ont été avancées. La raison évoquée par les organisateurs du Centre national de gestion (CNG) pour justifier ce fiasco ? Un problème informatique survenu à Lyon-Sud qui aurait compromis le bon déroulement de l’épreuve pour une partie des carabins. Mais sur les réseaux sociaux, cet argument est loin d’être suffisant et laisse un goût amer aux étudiants. Nombreux sont ceux à faire part de leur incompréhension et à exprimer leur vive colère. « Tu te rends compte que c’est pas des études normales quand à l’annonce de l’annulation de l’épreuve tu as un tiers de la salle en larmes et l’autre partie la tête dans les mains en PLS (…) J’ai pas les mots, je suis au bout du bout là », déplore Thomas, étudiant en D4 (6e année).
« Aux EDN 2026 y aura une QROC : À combien s’est élevé le pourcentage d’hospitalisation en hôpital psychiatrique des D4 après la session EDN 2025 ? (arrondissez au millier près) #EDN », ironise une externe sur Twitter.
« On a jamais vu le CNG et le diable dans la même pièce » ironise un autre. Contactée au lendemain du désastre, la présidente de l’Anemf (Association nationale des étudiants en médecine de France), Marion Da Ros Poli, assure être en contact avec l’équipe du CNG pour rétablir la situation. « Il s’agirait d’un problème de paramétrage des tablettes et de problèmes de connexion au serveur. Nous avons pu avoir le CNG et des conseillers des ministères qui nous ont assuré que le problème était résolu (…) Nous n’arrivons même pas à imaginer à quel point les étudiants doivent être paniqués, c’est une situation dont on aurait aimé se passer. C’est pourquoi tout est mis en œuvre pour que le problème ne se reproduise pas aujourd’hui, notamment au niveau local pour régler les soucis informatiques », précise l’étudiante.
Face à cette situation, plusieurs médecins déjà en exercice ont souhaité apporter leur soutien à leurs cadets, tout en regrettant le manque de préparation du CNG. « Cette première journée rocambolesque des EDN est méprisante pour nos étudiants qui se préparent eux à 100 % depuis 2 ans. Mais imagine-t-on le stress supplémentaire et la fatigue pour tous ces étudiants. Pour l’instant à tous les D4 : ne lâchez rien. Force à vous », partage sur Twitter François Vincent, pneumologue et professeur de médecine.
Des bugs techniques par le passé
Très vite, c’est aussi la capacité du CNG à organiser ce type d’événement qui est questionné : « Pour ceux qui se disent “c’est l’informatique”, dites-vous qu’en 2011, le CNG avait foiré la LCA sur 3 fautes PUIS le rattrapage de l’aprem sur un manque de… brouillons (…) », pointe le Dr Michael Rochoy, généraliste à Outreau.
Ces reproches sont-ils vraiment justifiés ? Ce n’est en tout cas pas la première fois que des dysfonctionnements techniques ou des bugs informatiques surviennent à un moment aussi critique.
En 2017, le fiasco des ECNi « nouvelle formule » – annulés à deux reprises en raison de bugs informatiques – avait durablement marqué les esprits des étudiants, déjà très stressés par les multiples changements dans les modalités d’évaluation. En septembre 2024, le CNG avait de nouveau été pointé du doigt à la suite d’un retard important dans la publication des résultats définitifs de l’examen, plongeant des milliers d’étudiants dans une attente insoutenable.
Autre épisode embarrassant : un bug informatique survenu en juin 2024 lors du dépouillement du scrutin des élections professionnelles à l’hôpital qui avait empêché la diffusion des résultats, exaspérant au plus haut point les syndicats.
« Le meilleur pour la suite »
Face à l’ampleur de la polémique et aux nombreuses réactions d’étudiants excédés, le CNG a publié, ce mardi 21 octobre, un communiqué officiel pour clarifier les raisons de cette annulation et présenter ses excuses. L’établissement assure avoir rencontré un premier incident après une restauration incomplète de l’application EDN – provoquant un retard d’une heure – ainsi qu’un second incident survenu dans un seul centre de l’Hexagone (Lyon sud, donc) au moment de la composition de l’épreuve.
« [Cet incident] se traduisait par des déconnexions itératives des candidats inscrits dans ce centre (…) Malgré tous les efforts déployés, il n’a pas été possible de résoudre ces difficultés techniques et le jury a été contraint d’annuler l’épreuve du jour. Des actions correctives sont menées depuis hier soir pour résoudre le problème et permettre un fonctionnement normal des tablettes pour les étudiants de ce centre », lit-on.
« Nous regrettons profondément ces deux incidents, a encore précisé le CNG. Nous en mesurons l’impact pour les étudiants, à qui nous souhaitons le meilleur pour la suite des épreuves. »
Ladite épreuve est reportée au vendredi 24 octobre à 14 heures avec un sujet de secours et dans les mêmes conditions docimologiques, précise le CNG. Qui avance que ce premier couac ne devrait pas avoir de conséquence sur le reste du calendrier des épreuves.
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