Photo de classe

Ah, les jeunes médecins… Au vu de la pénurie médicale qui inquiète tant, tous les espoirs sont placés sur cette génération montante. C’est elle qui sera en charge de la relève, alors que les bataillons de praticiens des années 70-80 tirent leur révérence, et que le papy-boom fait planer le spectre de la très grande vieillesse. Très attendues, les nouvelles pousses de la médecine sont aussi très critiquées. On brocarde leur individualisme et parfois leur défaut d’esprit citoyen. À l’hôpital, on leur reproche leur manque d’investissement. En ville, on les accuse de brader les valeurs de leurs aînés. Un grief paradoxal : leur attachement viscéral à l’installation choisie n’est-il pas pour beaucoup dans la préservation de ce pilier du libéralisme, malgré les tentatives des partisans toujours plus nombreux de la coercition ?

Écoutés, consultés, courtisés, les jeunes médecins servent aussi souvent de prétexte, les pouvoirs publics se prévalant volontiers de leurs desiderata pour mieux réformer la boutique… Sont-ils pour autant les enfants gâtés de la médecine ? Au « Quotidien », leurs leaders nous ont plutôt semblé soucieux de leurs responsabilités. Mais, conscients de leur rareté et soucieux de ne pas se laisser marcher sur les pieds, ils n’ont pas leur langue dans leur poche. À l’évidence, cette classe d’âge ne craint pas les évolutions de l’exercice. L’IA ne l’effraie pas. L’assouplissement des statuts lui irait comme un gant. Le travail d’équipe est pour elle une respiration. Et, chez ces médecins en herbe, la délégation de tâches ne génère aucune espèce d’anticorps. Cette adaptabilité est à l’évidence leur marque de fabrique. Cela cache une assez grande diversité de parcours comme d’opinions. La cure de jouvence que propose ce numéro exceptionnel met par ailleurs le doigt sur certains signaux inquiétants, concernant notamment l’état de santé des carabins. Attention, fragiles…