Les promesses du gouvernement semblent ne plus suffire aux syndicats étudiants. Face aux peu d’avancées des dernières semaines et devant le flou qui persiste sur les modalités de la quatrième année d’internat de médecine générale, les internes de l’Isni, de l’Isnar-IMG ainsi que les étudiants de l’Anemf ont décidé de renforcer la pression sur le gouvernement.
Jeudi 6 mars, les organisations syndicales rappellent que la mise en place de cette quatrième année soulève encore de nombreuses interrogations et que malgré les engagements pris en janvier par le ministère de la Santé à la suite d’une première mobilisation, aucun décret d’application n’a encore été publié. « Nous saluons les engagements pris par le ministère de la Santé à la suite du mouvement de grève (…). Cependant, depuis, nous attendons toujours de pouvoir travailler concrètement sur les décrets d’application », indiquent les contestataires par voie de presse.
Pas de concret
Fin janvier, le ministre de la Santé, Yannick Neuder, avait annoncé la mise en place d’un comité de suivi dédié à cette année supplémentaire de formation. Présidé par le cardiologue Guillaume Bailly, ancien président de l’Isni, ce comité devait cartographier les terrains de stage (cabinets libéraux, maisons de santé, voire centres de soins non programmés). Le ministre avait également annoncé un travail sur les modalités de rémunération des docteurs juniors en médecine générale.
« Depuis cette mobilisation et malgré la remise du rapport sur la quatrième année, nous n’avons eu aucun retour du gouvernement, que ce soit sur la publication des textes ou sur la mise en place du comité de suivi, qui devait pourtant inclure un représentant des internes de médecine générale », regrette Bastien Bailleul, président de l’Isnar-IMG. Il ajoute : « On joue vraiment, vraiment la montre avec cette quatrième année. Là encore nous perdons du temps alors qu’il y a urgence ! »
Les internes de l’Isni restent, eux aussi, inquiets. Quelques jours avant la grève du 29 janvier, le syndicat avait choisi de suspendre sa participation au mouvement, s’appuyant sur les promesses du gouvernement. Mais, à ce stade, Killian L’Helgouarc’h, président de l’organisation syndicale, se montre aujourd’hui moins optimiste. « Nous avions suspendu notre participation à la grève car on sentait une bonne dynamique. Mais force est de constater qu’on n’a toujours pas la date de la première réunion du comité de suivi et qu’on n’a vu aucun décret d’application passer. On ne va jamais y arriver si on attend encore. Si rien n’est fait, on se dirige tout droit dans le mur ! »
Parmi les promesses du gouvernement faites à l’oral aux syndicats, figuraient notamment la mise en place d'une campagne de recrutement spécifique pour pallier le manque de maîtres de stage universitaires (MSU), la mise en place d’une rémunération attractive (dont les conditions sont encore à fixer, lire encadré) et la possibilité pour ces étudiants de participer à la permanence des soins ambulatoires mais seulement sur la base du volontariat. Une dérogation pour la soutenance de thèse avait également été obtenue en coulisses pour les premières promotions concernées par la réforme.
Ultimatum fixé au 1er mai
Mais à force d’attendre des actions concrètes, les internes craignent que les promesses du gouvernement ne restent que « des paroles, paroles, paroles… ». D’où ce nouveau coup de pression. Les trois organisations syndicales ont fixé la date limite du 1er mai pour la publication des décrets d’application de la réforme. « Si cette échéance n'est pas respectée, nous reprendrons notre mouvement de grève », assurent-ils. À ce stade, le report de la réforme est toujours envisagé par les organisations syndicales.
Profond désaccord sur la rémunération à l’acte
La rémunération des docteurs juniors de médecine générale, modèle plébiscité par les internes eux-mêmes ainsi que par le Collège national des généralistes enseignants (CNGE), fait débat. La Conférence des doyennes et des doyens de médecine s’y oppose fermement. La semaine dernière, l’institution pointait un « risque d’iniquité de traitement » entre les docteurs juniors de médecine générale et ceux des autres spécialités. « Une telle proposition menace de déséquilibrer l’ensemble du système de formation en troisième cycle des étudiants en médecine. [Cela] entraînera une demande légitime de ces derniers de bénéficier des mêmes conditions », craignent-ils. L’inégalité de rémunération entre les internes de médecine générale en stage libéral et ceux en exercice salarié est aussi problématique pour les doyens qui précisent que ce mode d’exercice constitue « jusqu’à 40 % de l’offre de stages dans certaines subdivisions ».
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