« Le statut de remplaçant demeure toujours aussi précaire », clame le Dr Raphaël Dachicourt (Reagjir) avant la reprise des négos

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Publié le 25/10/2023

Conventionnement des remplaçants, statut de collaborateur libéral, revalorisations…: le Dr Raphaël Dachicourt, à la tête du syndicat de jeunes médecins généralistes installés et remplaçants (Reagjir), affiche ses priorités pour les négociations conventionnelles, qui commencent ce mercredi sous la forme de bilatérales. Si la position « d'observateur » ne lui donne pas le droit de signer la convention, le généraliste installé à Croix (Nord) entend peser pour défendre l'exercice et le statut des remplaçants.

LE QUOTIDIEN : Vous bénéficiez du statut d'observateur dans le cadre des négociations Cnam/syndicats. Qu'en espérez-vous ?

Dr RAPHAËL DACHICOURT : Comme tous les médecins, nos attentes sont à la hauteur des enjeux. Nous avons encore en tête l'échec des négociations, ce qui nous conduit à appréhender les futures propositions de l'Assurance-maladie. Nous devons toutefois saluer le meilleur départ que lors des précédentes discussions avec une volonté affichée du gouvernement de revaloriser le statut de médecin traitant ! Cette position est totalement en phase avec nos attentes. En revanche, le point négatif est que cette lettre de cadrage laisse à nouveau de côté les médecins remplaçants.

La défense des remplaçants fait partie de votre ADN. Quelles sont vos revendications ?

Les remplaçants sont des acteurs essentiels de notre système de santé. Toutes spécialités confondues, ils représentent 5 % des médecins et 10 % des généralistes. Ils participent largement à la prise en charge de la population et à la continuité des soins lorsque les médecins installés sont en congés.

Pourtant, ils ne bénéficient toujours pas des mêmes droits. Lors de nos dernières rencontres nationales à Colmar, nous avions reçu une fin de non-recevoir de Thomas Fatôme [le DG de la Cnam, NDLR] concernant la possibilité de leur ouvrir le conventionnement. Pendant ces négociations, tout notre travail sera de replacer ce sujet à l'ordre du jour. C'est une priorité et nous ne lâcherons pas l'affaire.

Sur le plan des honoraires, quelles sont vos priorités ?

Le rattrapage du tarif de l'acte sur l'inflation est une condition sine qua non. Par ailleurs, alors que la part des forfaits dans la rémunération des médecins progresse — et se situe aux alentours de 15 % pour les généralistes — les remplaçants en sont toujours exclus [ils ne bénéficient pas de la rémunération sur objectifs de santé publique – Rosp]. Ils doivent pouvoir en bénéficier car la situation actuelle creuse les inégalités. Ce n'est pas viable.

Et je ne parle pas non plus de la protection sociale, comme l'avantage supplémentaire maternité, qui est octroyé seulement aux installés ! Bref, par absence de texte, le statut de remplaçant demeure toujours aussi précaire. Les premières bilatérales « jeunes » qui auront lieu vendredi seront l'occasion de faire part de toutes nos revendications.

Quid du statut de collaborateur libéral ?

Ce statut prend de plus en plus d'ampleur chez les généralistes. Il présente une grande souplesse car le jeune médecin n'a pas à investir, dès le début, dans des locaux ou du matériel. Au final, ce système permet de favoriser les installations. Tout l'enjeu sera que ce statut soit reconnu et valorisé. Cela doit passer par la possibilité pour les collaborateurs de percevoir un forfait patientèle médecin traitant (FPMT) prenant en compte dans son calcul la « file active » des collaborateurs et non pas uniquement la patientèle « médecin traitant ». Là encore, c'est un facteur d'inégalité important – le collaborateur ayant une patientèle médecin traitant qui augmente bien plus lentement que sa file active notamment car il voit autant les patients de son collaborateur que les siens. Aligner ce forfait sur la file active permettrait d'être plus proche de la réalité du suivi effectif.

Enfin, il est indispensable de simplifier la nomenclature de médecine générale. On se rend compte que la plupart des cotations sont sous-utilisées. L'idée serait de réduire cette nomenclature à uniquement deux ou trois cotations, associées à deux ou trois niveaux de consultations – simples, complexes voire très complexes. 


Source : lequotidiendumedecin.fr