En 2011, lorsque la FMF a adhéré à la convention médicale, vous avez motivé ce choix par le fait de toucher les fonds conventionnels. Pourquoi ?
Dr Jean-Paul Hamon : Si nous avons adhéré à la convention en 2011, c’était surtout pour pouvoir assister aux commissions paritaires et ainsi pouvoir défendre les confrères poursuivis. Nous avons toujours demandé que le financement des syndicats soit décorrélé de la signature conventionnelle. Les syndicats de médecins bossent souvent dans des conditions lamentables car ils ne peuvent compter que sur les cotisations de leurs adhérents ou sur des partenariats avec l’industrie pharmaceutique, l’informatique ou les assurances. À la FMF, nous n’avons jamais signé ce type de partenariat. Nous ne touchons aucun financement privé et n’avons aucun conflit d’intérêts. C’est notre association de formation médicale continue qui perçoit la subvention conventionnelle pour la formation des cadres à la vie conventionnelle. Mais ce ne sont pas les fonds conventionnels qui permettent de faire vivre un syndicat.
Pourquoi une réforme du financement des syndicats s’impose-t-elle ?
Dr J.-P. H. : On ne peut pas continuer à bricoler ! Les syndicats de médecins fonctionnent avec trois francs, six sous. À chaque PLFSS, on demande qu’ils disposent d’un financement dédié, indépendamment des fonds conventionnels, qui soit proportionnel aux résultats des élections professionnelles ou de leur nombre d’adhérents. Car on a encore pu le voir récemment avec toutes les séances de discussion organisées autour du Covid-19, le Ségur de la santé, les séances de négociation conventionnelle ou les diverses commissions auxquelles nous sommes conviés, tout cela se fait aujourd’hui sans indemnisation des participants. Les médecins qui y vont perdent leur journée. À la FMF, quand un médecin participe à une journée de représentation, il touche 200 euros d’indemnisation. Si on veut avoir affaire à des syndicalistes qui savent de quoi ils parlent, il faut un financement conventionnel. Or aujourd’hui, le financement de 500 000 euros, qui est l’enveloppe moyenne touchée par chaque syndicat quand tout le monde signe la convention, ne permet pas de faire grand-chose.
Êtes-vous favorable à ce qu’une ponction de la cotisation aux URPS revienne aux syndicats via un fonds de la Cnam, comme le prévoit le PLFSS ?
Dr J.-P. H. : Piquer l’argent des URPS n’est pas une bonne solution. Certaines unions sont assises sur un tas d’or et n’en font rien, mais la plupart n’ont pas un rond, voire sont en situation de déficit, alors qu’elles font un vrai boulot de terrain. Un financement adéquat devrait représenter 2 à 2,5 millions d’euros par syndicat pour lui permettre de financer un secrétariat, avoir une assistance juridique et organiser un congrès par an, tenir une assemblée générale et avoir une vie syndicale.
Quelle serait selon vous la solution idéale pour financer les syndicats de médecins représentatifs ?
Dr J.-P. H. : Il y a des discussions pour savoir s’il faudrait rendre obligatoire la cotisation des médecins à un syndicat. Cela ne me choquerait pas. L’Ordre demande 335 euros par an, on pourrait imaginer qu’un médecin puisse mettre 100 à 150 euros par an pour être défendu. Cet argent pourrait aller aux syndicats en fonction des résultats aux élections. Cela leur permettrait d’avoir un peu d’air, de rémunérer un ou deux permanents et de simplifier la vie des gens qui s’engagent pour la profession.
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