Pour abaisser l’incidence de survenue des cancers chez l’homme de 50 ans, la prévention est bien sûr un levier d’action important. Portant sur l’hygiène de vie, les messages de prévention sont classiques. Et le médecin généraliste reste un relais essentiel de ces recommandations : « Une alimentation équilibrée, riche en fibres, pauvre en graisses, le maintien d’une activité physique régulière, la lutte contre le surpoids, la limitation de la consommation d’alcool et bien sur l’évitement ou l’arrêt du tabac », résume le Dr Frédéric De Bels, responsable du département dépistage à l’Institut National du Cancer (INCa).
Pour les hommes, la seule stratégie de dépistage organisé concerne aujourd’hui le cancer colo-rectal. Or « le taux de participation à ce dépistage organisé n’est que de l’ordre de 30% chez les hommes, soit un taux légèrement inférieur à celui des femmes. Les hommes ont pourtant un risque de cancer colorectal 1,5 fois plus important que les femmes », souligne le Dr Jérôme Viguier, directeur du Pôle Santé publique et Soins de l’INCa. « Seul un tiers des généralistes propose systématiquement le test à toute personne dans la tranche d’âge ciblée qui consulte », poursuit-il.
Cancer colo-rectal : nouveau test immunologique en novembre
Selon les dernières recommandations de la HAS, datant de 2013, il est conseillé de réaliser tous les deux ans un test de recherche de saignement occulte dans les selles chez les hommes de 50 à 74 ans considérés comme « à risque moyen » : pas d’antécédent personnel ni familial d’adénome ou de cancer colorectal, pas de maladie prédisposant à ce cancer. Ce test est actuellement encore réalisé avec un test au gaïac, mais un test immunologique sera prochainement disponible en France.
« Ce test immunologique sera mis à disposition des médecins généralistes en novembre, annonce Jérôme Viguier. Plus performant et plus simple d’utilisation, ce test ne nécessite qu’un prélèvement. Nous espérons qu’il relancera la dynamique de ce dépistage ».
En attendant l’arrivée de ce nouveau test, le médecin généraliste doit vérifier que le test au gaïac est fait à l’occasion de toute consultation chez les hommes de 50 à 74 ans. « La réalisation régulière de ce test permet de diminuer de 33% le risque de mourir d’un cancer colo-rectal, insiste Frédéric De Bels. Nous attendons, par ailleurs, du médecin généraliste qu’il évalue le niveau de risque de chaque patient, leur propose le mode de suivi adapté et les informe sur les bénéfices et les limites de ce suivi. »
Quid du dépistage du cancer de la prostate ? Pour la Haute Autorité de santé, l’intérêt d’un dépistage systématique par dosage du PSA (antigène spécifique prostatique) n’est pas actuellement avéré, y compris dans les populations les plus exposées. « Il n’existe pas de preuve de l’intérêt du dépistage du cancer de la prostate par dosage du PSA chez les hommes sans symptômes considérés comme à plus haut risque », concluait la HAS en avril 2012. « Certains facteurs de risque génétiques et environnementaux de survenue de cancer de la prostate sont identifiés [...], tels que des antécédents familiaux de ce cancer chez des parents du premier degré (père, frère), une origine africaine, une exposition à certains agents chimiques », indiquait-elle toutefois.
Cancer de la prostate : beaucoup d’incertitudes
L’INCa confirme que plusieurs pistes de développements de nouveaux tests sont à l’étude, mais aucun n’est disponible en routine actuellement.
Dans ce contexte d’incertitudes, « un médecin qui propose un dépistage du cancer de la prostate doit délivrer une information complète et neutre sur le bénéfice individuel potentiel, l’absence d’intérêt de près de la moitié des diagnostics de cancer et les effets délétères et séquelles des traitements, notamment en terme d’incontinence et d’impuissance, dit Jérôme Viguier. Face à des symptômes comme une dysurie ou une pollakiurie ou des signes cliniques notamment au toucher rectal, un diagnostic précoce ne doit pas être négligé. »
Pour les cancers du poumon ou de la vessie, il n’y a pas de recommandation de dépistage en population. Des études récentes suggèrent l’intérêt d’un dépistage par scanner faible dose pour le cancer du poumon chez le fumeur. « Ce dépistage devrait voir ses modalités se préciser dans le cadre du plan Cancer III », indique Jérôme Viguier.
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