Le Généraliste Le taux de cotisation des médecins est inférieur à celui des cadres. Une augmentation des cotisations en vue d'une meilleure retraite serait-elle envisageable et acceptée par les médecins ?
Dr Thierry Lardenois Le niveau des charges pesant sur les médecins libéraux est déjà très important, notamment en raison des cotisations forfaitaires (ASV) particulièrement pénalisantes pour les bas revenus. Et cette situation n’a pas été améliorée par la réforme ASV de 2011 qui a conduit à l’augmentation des cotisations forfaitaires et a ajouté une cotisation d’ajustement proportionnelle aux revenus sans, pour autant, instituer le système de dispense progressive pour insuffisance de ressources demandé par la CARMF.
Du fait d’une gestion prudente par la CARMF, qui a anticipé les contraintes démographiques, les cotisations n’augmentent que très légèrement en 2016 dans le régime complémentaire à 9,6 % (9,5 % antérieurement) des revenus inférieurs à 3,5 plafonds de la Sécu. Par contre, la cotisation augmente bien davantage dans le régime ASV, où se poursuit l’application de la réforme adoptée par les pouvoirs publics en 2011 : la part forfaitaire atteint 4 850 € (4 650 € en 2015) et la part proportionnelle s’élève à 2,6 % des revenus conventionnés inférieurs à 5 PSS (2,1 % en 2015). Dans le régime de base, les taux de cotisation sont inchangés.
Le modèle de retraite par répartition est-il une garantie pour sauvegarder la retraite des médecins dans l’avenir ?
Dr T.L. En matière de retraite, il existe deux principaux systèmes de gestion qui ont chacun leurs avantages et leurs inconvénients. Dans un système par répartition, les actifs actuels payent les allocations des retraités actuels. Cela présente l’avantage d’assurer une solidarité intergénérationnelle et met les retraites à l’abri des aléas boursiers. Mais ce système est directement lié à l’activité et à la démographie.
Dans un système par capitalisation, des réserves sont constituées tout au long de la carrière des cotisants pour leur être reversées lors de la liquidation de leurs droits. Il présente l’avantage d’être moins sensible à la démographie ; cependant, les réserves pourraient être détournées de leur finalité et sont soumises aux aléas des placements. Une autre solution consiste à introduire, dans un régime de retraite par répartition, une dose de capitalisation, comme la CARMF l’a fait dans son régime complémentaire.
Le sujet de la retraite préoccupe-t-il les jeunes médecins ?
Dr T.L. Les jeunes médecins sont davantage préoccupés par les conditions d’exercice et préfèrent la sécurité du salariat au libéral. En matière de retraite, le niveau des charges peut leur sembler élevé mais des aménagements et des dispenses existent pour les premières années d’installation. Le problème, aujourd’hui, est celui du manque d’intérêt des jeunes pour le libéral et les pouvoirs publics n’ont pas compris leurs aspirations. Ils n’ont pas non plus tenu compte de la féminisation de la profession. Les femmes constituent 60 à 70 % des jeunes en formation.
*Président de la CARMF.
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