LE QUOTIDIEN : Comment jugez-vous le démarrage des 22 projets pilotes du service d'accès aux soins depuis le 1er janvier ?
Dr THOMAS MESNIER : Le déploiement des projets pilotes se fait à des vitesses variables en fonction des territoires. Globalement, la dynamique est là, même si la mise en œuvre n'est pas facilitée par la crise sanitaire.
Les équipes travaillent sur la régulation médicale des appels au SAMU et aux médecins libéraux. Souvent, elles s'appuient sur la plateforme du Centre 15 où participent déjà des médecins libéraux dans le cadre de la permanence des soins ambulatoires. Mais c'est à chaque partie de voir si toute la régulation de ville doit se faire par le biais de la plateforme hospitalière. Est-ce que cela peut passer par une télérégulation au cabinet médical ? L'idée est d'avoir un cadre pour tous dans lequel il y a de la souplesse permettant à chaque site pilote de proposer son dispositif en fonction de la démographie des professionnels de santé et des organisations existantes.
Les travaux portent également sur la partie « effection ». Pour la médecine de ville, le rôle des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) est primordial pour garantir la réalisation effective des soins non programmés. Dans les territoires où il n'y a pas encore de CPTS, c'est aux libéraux de s'organiser.
Pour que ça marche, les équipes de ville et celles du SAMU doivent s'entendre dans le cadre d'une gouvernance partagée. L'hôpital ne doit pas interférer dans l'organisation de la ville et vice-versa. Jusque-là, je n'ai pas eu de retours négatifs sur des blocages. Il y a certes quelques médecins libéraux réfractaires à l'interpro, à la collaboration ville/hôpital mais ils ne sont plus très nombreux. Un point d'étape est prévu sur le déploiement de la phase pilote fin septembre 2021. J'espère une généralisation du SAS en 2022.
Vous aviez défendu le 113 comme numéro unique de santé mais vous n'avez pas été soutenu par le gouvernement. Persistez-vous ?
Je ne vais pas aujourd'hui revenir à la charge sur le 113. L'important est d'inscrire le principe du service d'accès aux soins dans le code de santé publique. Ce sera le cas lorsque la proposition de loi « Ségur » sera adoptée définitivement au printemps.
Aujourd'hui, il est important de laisser les expérimentations se déployer dans les territoires pilotes pour voir ce qui marche ou pas. Mais à terme, je pense qu'il faudra un nouveau numéro de santé qui prendra la place des autres numéros – comme le 15 ou le 116 117. Il y a un impératif de lisibilité pour la population.
Quel est le financement prévu pour ces expérimentations et comment les libéraux sont-ils rémunérés ?
Nous allons passer par le fonds d'intervention régional (FIR) pour financer les sites expérimentateurs. Le montant de l'enveloppe dépendra des organisations mises en place dans chaque territoire. Je rappelle que nous avons voté dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité sociale 2021 les crédits à hauteur de 360 millions d'euros pour les SAS.
Dans cette phase pilote, les médecins libéraux volontaires seront rémunérés via le FIR. Le montant lié à cette participation est à discuter localement entre les professionnels et les agences régionales de santé. Pour le financement pérenne, il faudra passer par la convention médicale. Les négociations d'un avenant pour la médecine de ville sont à l'arrêt [en raison des élections professionnelles aux URPS début avril]. J'espère que cela va redémarrer le plus rapidement possible pour avancer.
Article suivant
Sur le terrain, des expérimentations à géométrie variable
Député LREM, coauteur du pacte de refondation des urgences
Sur le terrain, des expérimentations à géométrie variable
SAS, 16 mois de tâtonnements et de polémiques
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique