Que s’est-il passé en automne 2014 à la clinique Claude-Bernard de Metz ? Après le décès de Corentin, 11 ans, des suites d'une intervention pour une appendicite, la justice a ordonné un supplément d'information portant sur le passé professionnel de l'un des chirurgiens qui avait opéré le jeune garçon, selon un arrêt consulté le 27 juillet par l'AFP. Le dossier est donc de retour chez le juge d'instruction, huit ans plus tard.
Le 31 octobre 2014, Corentin avait été admis à la clinique Claude-Bernard, pour des douleurs au ventre diagnostiquées comme une appendicite et avait été opéré le lendemain. Mais l'intervention avait été arrêtée, à la suite d'un choc constaté lors de la pose d'un tube utilisé pour des cœlioscopies.
Selon une source proche du dossier, c'est à cette occasion que l'aorte de l'enfant avait été touchée, provoquant un choc hémorragique trop tardivement décelé. Au total, sept praticiens sont intervenus au chevet de Corentin, décédé le lendemain au CHU de Nancy, où il avait été transféré en urgence au bout de neuf heures d'opération à Metz.
« Au moins onze sinistres indemnisés en treize mois »
En 2020, le parquet de Reims avait requis le renvoi en correctionnelle pour homicide involontaire des deux chirurgiens qui avaient opéré l'enfant. Ils avaient été suspendus par l'Ordre des médecins en 2016 pour respectivement trois et deux ans.
Mais un supplément d’information a désormais été ordonné sur le passé de l'un d'entre eux, mis en cause par le père de la victime, Pierre Jeras, qui, avec la mère du garçon, avait porté plainte contre X dès le lendemain du décès de Corentin.
Selon ce dernier, un rapport de l'assurance de ce chirurgien fait état « au moins de onze sinistres indemnisés en treize mois de présence en Lorraine et pour des préjudices importants au regard des indemnisations ».
Dysfonctionnements
La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Reims a ainsi fait droit à la demande des parents. Elle a considéré que « des dysfonctionnements opérationnels existaient au sein de l'établissement de soins », « que les personnels présents n'étaient pas formés de manière adéquate », et qu'il convenait donc de « retourner le dossier au juge d'instruction », peut-on lire dans l'arrêt du 30 juin.
« C'est une satisfaction d'avoir été entendus, cela montre que l'affaire ne peut en rester là », a réagi Pierre Jeras. Les parents espèrent, avec cette reprise de l'instruction, ouvrir à terme la voie à une mise en cause plus large : de la clinique Claude-Bernard de Metz et du Conseil de l'Ordre des médecins.
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