HISTOIRE COURTE - L’affaire Dobelyou

Au suivant ! (3/6)

Publié le 19/09/2013
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Par Albert Dardenne

Résumé de l’épisode 2 : Le tueur a signé son meurtre d’un W. Le commissaire Lefin craint d’avoir affaire à un déséquilibré. Une lettre anonyme arrive…

Avant même d’avoir lu, Delneuville se doute de ce qu’il va découvrir. Effectivement, c’est un classique collage de fragments de journaux :

« APPEL À TEMOIN INUTILE : DIEU PROTEGE MON BRAS

ET ME GUIDE POUR PURIFIER LA VILLE.

À BIENTÔT POUR LES SUIVANTS W. »

– Pas un mot à la presse, surtout, souligne Lefin. Ils vont encore nous créer une psychose.

***

Mardi 19 février.

– Un, deux, trois, nous irons au bois…

L’homme ricane. Finalement, c’était trop facile. Elle s’est à peine débattue. Et la flicaille est complètement dans le gaz. L’absence de réaction à sa lettre en témoigne. Il sent bondir en lui une pulsion d’irrépressible orgueil. Vite, au suivant !

Les dés roulent. Encore. Et encore. Et il note scrupuleusement le code qu’il traduit en numéro de page de l’annuaire. Puis vient le numéro de colonne. Ce n’est qu’alors, Benoît est formel, qu’il faut compter les lettres pour trouver le premier nom. Seule cette méthode objective est à même de désigner les seize victimes offertes pour sauver la planète. Seize ! C’est le nombre fétiche et la règle du jeu. Un rapide coup d’œil à la photo le fait frissonner : pas question de tricher !

Quinze, seize… Ça y est, le prochain nom est connu : ce sera Jacqueline Quinet. Ses coordonnées sont sans plus attendre transcrites dans le carnet...

***

Vendredi 22 février.

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– Tueur en série ! soupire le commissaire en reposant sur son bureau l’édition locale de « La Rep » de ce vendredi 22 février, il voudrait semer la panique chez ses lecteurs, il ne ferait pas autrement.

***

Lundi 25 février, 23h30.

Jean-Léon Monfrère prend congé de ses amis et quitte Le Bas Bleu, bistrot littéraire de la rue de Bourgogne, pour rentrer chez lui.

– À pied ? Mais bien sûr ! Comme tous les jours, bande de jean-foutre ! … Il pleut ! Et alors ? Il en a vu d’autres pendant la bataille de la Somme, nom de Dieu.

Du haut de ses quatre-vingt-neuf ans, Jean-Léon est presque vexé. À petits pas qu’il voudrait plus décidés, il s’engage en maugréant dans la rue de l’Éperon…

Il n’a rien senti venir. Quand il voit la lame, éclaboussée du sang qui gicle de sa carotide, il est déjà trop tard. Étonnamment, il n’éprouve aucune douleur. L’homme qui a surgi derrière lui parle, mais il ne l’entend pas. Ses genoux plient. Il a froid, il…

L’inspecteur Delneuville notera dans son rapport avoir été le premier à découvrir le corps, par hasard, à l’angle des rues de l’Éperon et du Puits de Linières. Les lieux étaient totalement déserts. De son côté le docteur Valderama confirmera que, d’après ses premières constatations, la mort ne devait pas remonter à beaucoup plus de trois heures avant son arrivée sur les lieux : la rigidité cadavérique ne commençait en effet à saisir le corps de la victime qu’au seul niveau de la nuque.

 

Source : Le Quotidien du Médecin: 9264