Traitement adjuvant

Des résultats à très long terme

Publié le 16/12/2013
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Utilisé depuis plus de 30 ans dans le traitement adjuvant du cancer du sein sensible aux estrogènes, le tamoxifène reste l’hormonothérapie de référence chez la femme non ménopausée dont la tumeur exprime les récepteurs hormonaux (RE +). Ce modulateur sélectif des récepteurs des estrogènes, administré pendant cinq ans en adjuvant, est associé à une baisse du risque de récidive de 25 %. Le bénéfice du tamoxifène adjuvant augmente non seulement avec le recul mais persiste également à très long terme, à 15 ans, bien après l’arrêt de ce traitement (effet carry over).

L’étude aTTom a étudié, chez près de 7 000 patientes, si une prolongation ou non jusqu’à 10 ans d’un traitement adjuvant par tamoxifène déjà reçu pendant 5 ans était bénéfique.

La diminution du risque de récidive est perceptible dès la 7e année avec un RR = 0,85, et s’accentue, pour atteindre 25 % après 10 ans (réduction en valeur absolue de 4 %). Le décès par cancer du sein – critère principal de l’étude – est diminué (RR = 0,77) après 10 ans (réduction en valeur absolue de 3 %). L’intérêt est minime et non significatif en ce qui concerne la survie globale, sauf pour les sous-groupes de patientes qui ont débuté le tamoxifène au-delà de 10 ans, du fait de l’effet carry-over. Le revers de la médaille est un risque de cancer de l’endomètre plus élevé (RR = 2,20 ; p ‹ 0,0001) et un risque de mortalité spécifique par cancer de l’endomètre de 1,83 (p = 0 ,02). Ces résultats imposent une surveillance accrue des patientes, en particulier si elles sont ménopausées, et une éducation concernant la conduite à tenir devant toute métrorragie.

On manque de facteurs décisionnels et prédictifs pour cibler davantage les populations qui pourront bénéficier de ce traitement. Quid des femmes ménopausées et d’un schéma séquentiel (entre anti-aromatase et tamoxifène) ou d’un schéma à 10 ans d’anti-aromatase ? Quant aux femmes à faible risque : peut-on leur proposer un traitement aussi prolongé ? Est-il pertinent de le proposer, en escomptant des bénéfices retardés dans le temps (effet carry over) chez des patientes à l’espérance de vie de 10 à 15 ans ? Il faudra mettre en balance les avantages – modestes en termes de survie globale – de la prolongation de l’hormonothérapie et les effets indésirables induits par celle-ci : troubles vasomoteurs, altération de la qualité de vie, troubles de l’humeur et de la sexualité, problèmes musculosquelettiques, troubles thrombo-emboliques.

Session Speed Data de l’Association d’Enseignement et de Recherche des Internes en Oncologie (AERIO).


Source : Le Quotidien du Médecin: 9289