« La recherche sur les nanotechnologies est très ancienne et ce dans beaucoup de domaines. En médecine, par exemple, cette recherche a démarré il y a 50 à 60 ans. Et elle est particulièrement active, et même en pleine expansion dans le domaine du cancer. Les nanotechnologies présentent en effet un intérêt réel en raison de la toxicité inhérente de certaines molécules », souligne Raphaëlle Fanciullino, qui travaille au SMARTc, le Laboratoire de Pharmacocinétique Inserm de la Faculté de Pharmacie de Marseille (AMU), ainsi qu’à l’Hôpital de la Conception (APHM).
C’est principalement pour servir de vecteur à des molécules anticancéreuses que sont développées les nanotechnologies. « Pour limiter l’occurrence de la toxicité, on essaie d’obtenir un ciblage spécifique de la molécule au niveau du site tumoral. Une néovasculature particulière va alors permettre l’accumulation de la nanoparticule au niveau de la tumeur, ce qui présente un avantage par rapport à des molécules qui vont diffuser dans tout l’organisme et toucher aussi les tissus sains », indique Raphaëlle Fanciullino.
Une concurrence très active
La recherche sur les nanotechnologies est très active, en particulier au niveau académique. « Mais pour l’instant, en cancérologie, il y a encore peu de médicaments issus des nanotechnologies sur le marché. Dans le domaine de l’innovation, la concurrence est forte il est vrai. Et ces dernières années, les laboratoires pharmaceutiques ont largement privilégié la sortie d’anticorps monoclonaux et des immunothérapies », souligne Raphaëlle Fanciullino, en évoquant un obstacle de fond au développement des nanotechnologies. « Un écueil, à mon avis, est le fait que beaucoup de laboratoires académiques travaillent sur des formes vectorielles très diverses. Tout le monde est à la recherche du vecteur idéal et aujourd’hui on doit recenser une centaine de supports différents. Cela témoigne d’un vrai dynamisme de la recherche académique mais cela entraîne sans doute un manque de lisibilité pour les firmes pharmaceutiques. Et au final, cela constitue un frein car les laboratoires académiques n’ont pas les moyens des industriels pour aller au bout du processus de développement d’un médicament, notamment en phase réglementaire et clinique. La problématique du scale-up industriel, c’est-à-dire passer de l’échelle du laboratoire à celui d’une production de masse, demeure également un écueil majeur ».
C’est sans doute pour cette raison que les médicaments issus des nanotechnologies restent encore peu nombreux sur le marché. « Mais c’est un secteur d’avenir avec une forte demande. Et il y a aujourd’hui beaucoup de molécules dans les pipelines, en phase I ou II », conclut Raphaëlle Fanciullino avec optimisme.
D’après un entretien avec la Dr Raphaëlle Fanciullino, SMARTc. Laboratoire de pharmacocinétique de la faculté de pharmacie de Marseille (AMU). Hôpital de la Conception (APHM).
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