Coup dur pour la colchicine en post-infarctus

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Publié le 12/12/2024
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Tandis que la prise en compte de la composante inflammatoire de la maladie coronarienne ne fait toujours pas consensus, l’essai Clear a de quoi raviver les débats, ne confirmant pas l’intérêt de la colchicine en post-infarctus.

Pas de bénéfice et une intolérance digestive

Pas de bénéfice et une intolérance digestive
Crédit photo : DR

Le poids de l’inflammation dans la physiopathologie dans la maladie coronarienne est bien démontré. D’où l’idée, depuis quelques années, de cibler cette composante inflammatoire en thérapeutique, notamment en utilisant la colchicine – qui a donné lieu à plusieurs essais cliniques positifs. Citons l’essai Colcot, qui avait montré en 2019 qu’une faible dose du médicament permettait de réduire le risque d’événements cardiaques majeurs après un infarctus du myocarde, ou l’essai Lodoco2, qui avait confirmé en 2020 l’efficacité de 0,5 mg colchicine pour éviter les événements cardiaques majeurs chez des patients ayant un syndrome coronarien chronique. Si bien que la colchicine semblait se faire une place nouvelle en cardiologie.

Cependant, l’essai Clear pourrait rebattre les cartes (1). Dans cette investigation contrôlée randomisée en double aveugle, conduite auprès de plus de 7 000 patients ayant eu un infarctus, l’administration de colchicine n’a donné, au bout de trois ans de suivi, aucun effet sur la mortalité cardiovasculaire ou sur l’incidence des récidives d’infarctus, des AVC ou de revascularisations coronaires non planifiées. Et ce, alors même que le post-infarctus immédiat est une phase marquée par une inflammation particulièrement élevée, où les anti-inflammatoires comme la colchicine étaient supposés particulièrement intéressants. Le seul effet de la colchicine qui se dégage de cette étude reste de nature biologique et concerne une baisse de la CRP à trois mois, de 1,28 mg/L en moyenne.

Par ailleurs, concernant la sécurité du traitement, 10,2 % d’effets indésirables digestifs ont été enregistrés dans le bras interventionnel – contre 6,6 % dans le groupe contrôle. Or la colchicine pâtit déjà en France d’une mauvaise image du fait de cette mauvaise tolérance digestive.

(1) S. Jolly et al. NEJM. November 17, 2024


Source : Le Quotidien du Médecin