Fauteuils : les épaules en pâtissent

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Publié le 05/11/2021
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Alternative de transfert avec planche

Alternative de transfert avec planche
Crédit photo : DR

Environ 2 % de la population est en fauteuil roulant. Les épaules, qui prennent le relais de la fonction locomotrice, se retrouvent particulièrement sollicitées, lors de la propulsion, des transferts ou du soulagement des appuis. Avec l’âge, de façon amplifiée comparée aux valides, la prévalence des ruptures de coiffe des rotateurs (RCDR) augmente. Ces lésions ont fonctionnellement un impact majeur, mais aussi une présentation clinique et une prise en charge spécifiques. Elles apparaissent après 15 ans en fauteuil et sont quatre fois plus fréquentes après la cinquantaine.

Constamment sollicitée, l’épaule est souvent douloureuse et les RCDR asymptomatiques rares. Toute douleur après 12 ans de fauteuil devra faire l’objet d’une exploration morphologique standard (clichés radiologiques et échographie).

Sur le plan thérapeutique, les techniques chirurgicales sont comparables, mais les indications plus larges. La moindre RCDR devra être suturée afin d’éviter son extension, et préservée de toute agression anatomique locale, par des gestes systématiques de recalibrage de l’espace sous-acromial.

En différant la reprise postopératoire des transferts au-delà de quatre mois, et en s’assurant de la mise en place au quotidien de mesures de protection de l’épaule, les résultats et les taux de cicatrisation sont comparables à ceux de la population générale. En revanche, des complications générales et cutanées, observées dans 10 % des cas, imposent préventivement une prise en charge en centre spécialisé.

La RCDR marque un tournant pour ces patients, avec la nécessité de protéger au quotidien leurs épaules par des assistances à la propulsion et la réduction des transferts. Un dépistage systématique et une prise en charge spécifique sont essentiels pour éviter d’ajouter une déficience supplémentaire au handicap de départ.

D'après une conférence d’enseignement du Dr Bertrand Coulet

Pr Charles Msika

Source : Le Quotidien du médecin