Au-delà de l’étiologie cardiovasculaire

Il existe un « poumon diabétique »

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Publié le 05/11/2018
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poumon diabétique

poumon diabétique
Crédit photo : PHANIE

« Presque 25 % des diabétiques rapportent une dyspnée à leur médecin, qui a appris à la considérer comme d’origine cardiaque… alors que ce n’est le cas que pour moins de 11 % d’entre eux », prévient le Pr Stefan Kopf (Allemagne). Les études épidémiologiques montrent que les diabétiques sont à risque accru d’une dysfonction respiratoire (altération du VEMS, de la capacité vitale forcée, etc.), et de façon bien plus marquée en cas de DT2. Deux études publiées en 2018 mettent en évidence une corrélation linéaire entre l’atteinte de la fonction respiratoire et l’ancienneté du diabète. Dyspnée et syndrome restrictif concernent plus de 20 % des patients nouvellement diagnostiqués, et plus de 27 % des DT2 au long cours.

La fibrose, moteur des complications

« Si l’on considère que le diabète est une maladie systémique, avec la fibrose comme socle commun à certaines complications rénales, neurologiques, hépatiques ou oculaires, pourquoi le poumon serait-il épargné ? », fait mine de s’interroger le diabétologue. On constate d’ailleurs que le DT2 multiplie le risque de fibrose pulmonaire idiopathique par quatre (lire l’encadré), ce qui le place juste derrière le tabac (risque multiplié par cinq), et devant l’obésité et l’hypertension artérielle. La néphropathie diabétique est le plus important facteur prédictif d’une fibrose pulmonaire, puisque, en cas d’albuminurie, le risque est multiplié par trois. Des études expérimentales puis cliniques ont mis en évidence des altérations de l’ADN chez les diabétiques au niveau pulmonaire, anomalies qu’on retrouve aussi dans d’autres complications du diabète.

Sur le plan pratique, il faut interroger le patient sur des signes respiratoires et ne pas hésiter à lui demander d’effectuer le test de marche de six minutes, très prédictif de la fonction pulmonaire, qui permet de dépister des insuffisances respiratoires débutantes ne se manifestant que lors de l’exercice. Une bonne nouvelle pour conclure : les interventions favorisant l’hygiène de vie, en particulier la réadaptation à l’effort, améliorent nettement la fibrose pulmonaire.

Session « Diabetic Pneumopathy. The Lung : a Forgotten Organ »

Dr Maia Bovard-Gouffrant
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Source : Le Quotidien du médecin: 9699