À l’heure de la médecine personnalisée, la session du congrès sur les différences liées au genre et au sexe biologique a rappelé qu’en matière de diabète, femmes et hommes ne sont pas égaux. La prévalence du diabète est en effet de 50 % plus élevée chez les hommes que chez les femmes et ce, jusqu’à des âges avancés. De nombreux travaux tentent de cerner les mécanismes, complexes, à l’origine de ces différences, et notamment de mieux comprendre le rôle des hormones sexuelles. Les estrogènes, comme les androgènes, sont des acteurs aujourd’hui reconnus de l’homéostasie glucidique, qui influencent la sensibilité à l’insuline et l’insulinosécrétion. De plus, le diabète n’évolue pas de la même façon chez les hommes et chez les femmes, qui sont plus susceptibles de développer des complications cardiovasculaires. Les hormones sexuelles jouent également un rôle dans l’évolution de la stéatose hépatique. Enfin, les réponses aux traitements sont différentes selon le sexe.
Deux projets de recherche sur les mécanismes d’action des hormones sexuelles ont d’ailleurs pu être financés par l’allocation de recherche dite « thématique » de la SFD, créée en 2020. L’un sur le foie et les hépatopathies métaboliques, l’autre sur l’oxydation des lipides sur le tissu adipeux. « Dans la recherche en général, les femmes sont victimes d’une certaine injustice, car les études expérimentales se font encore majoritairement sur des rats mâles, pour justement s’affranchir des variations hormonales », regrette le Pr Gilles Mithieux, président du Conseil scientifique du Congrès.
Le rôle émergent des perturbateurs endocriniens
Autre thématique largement en lien avec l’actualité : les liaisons dangereuses entre les perturbateurs endocriniens (PE) et le diabète de type 2, qui suscitent de plus en plus d’inquiétudes. Les effets dits cocktails, d’associations à faibles doses de plusieurs PE, dont les effets délétères ne s’exercent qu’à forte dose lorsqu’ils sont chacun pris isolément, sont encore mal connus. Mais les données aujourd’hui disponibles suggèrent que certaines combinaisons pourraient contribuer au déclenchement du DT2. C’est en particulier le cas pour des pesticides organophosphorés utilisés dans l’agriculture, dont le rôle délétère est démontré chez l’animal et rapporté dans des études observationnelles chez l’humain.
Focus sur la cellule endothéliale et les lipides
Mieux comprendre les complications micro- et macrovasculaires du diabète par le prisme de la cellule endothéliale est également un sujet actuel de recherche, récompensé par l’allocation 2021 de recherche thématique de la SFD. « Le DT2 accélère le vieillissement de la cellule endothéliale, qui pourrait elle-même jouer un rôle dans la survenue des complications vasculaires du diabète, en limitant les communications entre facteurs véhiculés dans le sang et tissus », précise le Pr Mithieux.
Un symposium complet et une conférence plénière ont été dévolus aux lipides. Les connaissances sur le tissu adipeux ont explosé depuis une trentaine d’années, ce qui permet d’avoir aujourd’hui une vision plus précise de son rôle dans l’homéostasie énergétique et dans la physiopathologie des complications métaboliques et cardiovasculaires du diabète. Certains progéniteurs du tissu adipeux présentent un phénotype profibrotique, ce qui se traduit par une production excessive de matrice et participe à la fibrose de ce tissu, conduisant in fine aux complications métaboliques de l’obésité.
Le rôle du tissu adipeux épicardique dans la survenue des complications cardiovasculaires du diabète fait également l’objet de recherches, tout comme celui de la seipine, protéine de la gouttelette lipidique de découverte récente, qui aurait un rôle important dans le stockage des lipides et leur libération dans le sang.
En parallèle de l’analyse des mécanismes et du rôle de la glucodétection dans la pathogénie du diabète, thème mis à l’honneur par le prix Assan, le symposium consacré au cerveau a rappelé son rôle central dans le diabète.
La technologie au service des patients
En thérapeutique, le congrès est revenu sur l’arrivée des inhibiteurs de SGLT2, classe d’antidiabétiques qui ont des effets cardioprotecteurs démontrés ; mais il a aussi été accordé une large place aux nouveaux traitements que sont les boucles fermées et les greffes d’îlots pancréatiques. Des avancées majeures, fruits de nombreuses années de recherche, et qui vont permettre de changer la vie de patients jusqu’alors très mal équilibrés par les approches classiques.
Exergue : Rôle dans l’homéostasie énergétique et dans la physiopathologie des complications métaboliques et cardiovasculaires du diabète : les connaissances sur le tissu adipeux ont explosé depuis une trentaine d’années
Entretien avec le Pr Gilles Mithieux, Président du conseil scientifique de la SFD, Université Claude Bernard, Lyon
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