Le dépistage de la NASH est essentiel et pourtant souvent ignoré. Si la stéatohépatite métabolique est de mieux en mieux connue, des efforts pour la dépister précocement restent toutefois à faire, estime le Pr Vlad Ratziu, hépato-gastro-entérologue à Paris (hôpital de la Pitié-Salpêtrière, IHU- ICAN et Sorbonne Université), interrogé par le « Quotidien ».
« Une atteinte hépatique doit être recherchée par le médecin généraliste, l'endocrinologue ou le nutritionniste chez tous les patients présentant des facteurs de risque cardiométaboliques », indique-t-il. Les personnes présentant un surpoids, un syndrome métabolique, un diabète de type 2, une hypertension artérielle, une hyperlipidémie ou encore une apnée du sommeil sont en effet à risque de NASH, tout comme les patients présentant des anomalies hépatiques lors d'une prise de sang.
Quantifier la consommation d'alcool
Le diagnostic de la NASH s'appuie sur les recommandations communes des sociétés savantes européennes du foie (European Association for the Study of the Liver, EASL), du diabète (European Association for the Study of Diabete, EASD) et de l'obésité (European Association for the Study of Obesity, EASO) de 2016 (1).
Avant de procéder à des examens complémentaires, l'interrogatoire est essentiel afin notamment de quantifier la consommation d'alcool du patient et d'éliminer d'autres causes de stéatose. « Une consommation d'alcool modérée peut coexister avec une stéatohépatite métabolique, et leurs effets délétères peuvent s'additionner », souligne le Pr Ratziu.
Dans un premier temps, l'échographie abdominale va permettre de confirmer la présence de stéatose, c'est-à-dire l'excès de graisses. L'hépato-gastro-entérologue précise toutefois que la sensibilité de cet examen n'est pas optimale : « il est difficile de visualiser la graisse hépatique lorsqu'elle n'excède pas 20 à 30 % ».
Le bilan sanguin complet permet ensuite de distinguer une stéatose simple d'une stéatohépatite (NASH), c'est-à-dire une maladie hépatique avec un fort potentiel évolutif.
« La troisième étape consiste à connaître le degré de fibrose, qui conditionne la progression vers la cirrhose », poursuit le Pr Ratziu. Il existe des techniques non invasives permettant de mesurer la fibrose comme l'élastométrie impulsionnelle par FibroScan et les marqueurs sériques de fibrose tels que le FibroTest ou le FibroMètre. « D'autres tests non brevetés, comme le score FIB-4, sont également disponibles », ajoute l'hépato-gastro-entérologue.
Nouvelle génération de tests
En cas de doute, une biopsie hépatique pourra être réalisée à l'issue de ces différents examens pour confirmer le diagnostic. Si seule l'histologie permet un diagnostic de certitude, elle ne peut être réalisée en première ligne du fait notamment de son caractère invasif. « En pratique, la biopsie est souvent réduite au cas où les marqueurs non invasifs fournissent des résultats discordants ou lorsque l'on souhaite confirmer une forte suspicion de fibrose avancée », avance le Pr Ratziu.
Par ailleurs, une nouvelle génération de tests non invasifs devrait être bientôt disponible, comme le score NIS4, développé par la société française Genfit, dont la commercialisation est prévue en 2020. « Contrairement aux tests de fibrose, le score NIS4 évalue en plus de la fibrose, l'activité de la maladie, définie par l'intensité des lésions inflammatoires et la souffrance des hépatocytes, décrit le Pr Ratziu. Les stéatohépatites actives avec fibrose avancée sont les plus à risque d’évoluer vers la cirrhose. Ce sont donc celles pour lesquelles le traitement pharmacologique est le plus nécessaire après échec des changements hygiénodiététiques ».
(1) EASL-EASD-EASO, J Hepatol, doi: 10.1016/j.jhep.2015.11.004, 2016.
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