Si une quarantaine de molécules sont étudiées pour lutter contre la NASH, il n'existe à ce jour aucune option médicamenteuse déjà mise sur le marché dans cette indication.
« La vitamine E est parfois utilisée pour améliorer la stéatohépatite, mais le niveau de preuve de son efficacité est insuffisant », indique au « Quotidien » le Pr Vlad Ratziu, hépato-gastro-entérologue à Paris (hôpital de la Pitié-Salpêtrière, IHU-ICAN et Sorbonne Université). De fait, la prise en charge des patients atteints de NASH comprend avant tout les mesures hygiénodiététiques, avec la mise en place d'une alimentation adaptée et d'une activité physique régulière.
« Tous les régimes sont intéressants à partir du moment où ils entraînent une baisse pondérale, estime l'hépato-gastro-entérologue. Toutefois, le régime méditerranéen (riche en fruits, légumes et céréales notamment et à base d'huile d'olive) est préconisé par les experts ».
Concernant l'activité physique, il n'existe pas de recommandations spécifiques à la NASH. « Il est préférable de pratiquer une activité aérobie et anaérobie, car le fait d'augmenter la masse musculaire a des effets bénéfiques sur la maladie. On estime de plus qu'une activité doit être pratiquée au minimum 45 minutes trois fois par semaine », précise le Pr Ratziu, ajoutant que « l'activité physique doit aller de pair avec un mode de vie limitant la sédentarité ».
Des résultats positifs avec l'OCA
Cette prise en charge devrait bientôt s'accompagner d'un arsenal médicamenteux. Aux États-Unis, une demande d'autorisation de mise sur le marché a été faite auprès de la Food and Drug Administration (FDA) fin septembre pour l'acide obéticholique (OCA), un agoniste de FXR. Intercept Pharmaceuticals, qui développe ce médicament candidat, a dévoilé en février une analyse intermédiaire de l'essai de phase III REGENERATE ; ceux-ci ont également été présentés lors de l'International Liver Congress (ILC) en avril à Vienne (Autriche). L'étude a porté sur l'efficacité à 18 mois de l'OCA et a inclus 931 patients présentant une fibrose hépatique de stade 2 ou 3 liée à la NASH. « Ces résultats montrent que, par rapport au placebo, l'OCA réduit significativement la fibrose et a un effet positif sur la résolution de la stéatohépatite », rapporte le Pr Ratziu, ajoutant qu'il s'agit de la première étude positive dans la NASH.
Un autre essai de phase III est également bien avancé : l'essai RESOLVE-IT, portant sur l'élafibranor, un agoniste des PPARα et des PPARδ. « Cette molécule semble présenter des effets bénéfiques à la fois sur les plans métabolique et hépatique mais qui doivent être confirmés », note l'hépato-gastro-entérologue. Les résultats de l'étude menée sur près de 1 000 patients sont attendus pour le début de l'année 2020. S'ils sont positifs, la société française Genfit qui développe ce candidat médicament entend les utiliser pour une demande d’autorisation de mise sur le marché accélérée auprès de la FDA et une demande d’approbation conditionnelle auprès de l’Agence européenne du médicament dès 2020.
« Trois autres essais de phase III sont en cours ou vont démarrer très prochainement, avec des molécules toutes différentes dans leur mode d'action », révèle le Pr Ratziu.
Selon lui, « tout l'enjeu des nouveaux médicaments sera de trouver un moyen de sélectionner les patients qui ont besoin de pharmacothérapie sans avoir recours à la biopsie hépatique » (cf. article sur le dépistage).
Piste chirurgicale
Une autre piste thérapeutique est d'ordre chirurgical. « Lorsqu'une opération de chirurgie bariatrique est réalisée chez des patients atteints de NASH, l'indication est le plus souvent extra-hépatique, précise l'hépato-gastro-entérologue. Néanmoins, les interventions bariatriques et certaines interventions endoscopiques peuvent améliorer le foie, même si ce n'est pas leur objectif premier ».
Concernant les recherches sur le microbiote qui font l'objet de nombreuses études, le Pr Ratziu estime qu'il est encore trop tôt pour évoquer des perspectives thérapeutiques.
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