À la phase aiguë, les douleurs sont fréquentes : céphalées/migraines, myalgies, arthralgies, douleurs abdominales, maux de gorge… Dès la fin de la première vague, la persistance des symptômes au-delà de trois semaines chez les sujets non hospitalisés, et de deux mois en cas d'hospitalisation, a été décrite chez plus d’un tiers des patients (1).
Selon une autre étude, 10 à 20 % des patients ayant fait une infection Covid-19 ont des symptômes persistants au-delà de trois semaines (2). « Ces symptômes polymorphes (céphalées, paresthésies, douleurs musculaires, abdominales…) peuvent survenir même chez des personnes ayant fait des formes peu sévères et évoluer de façon fluctuante pendant plusieurs semaines ou mois », souligne la Pr Françoise Laroche (hôpital Saint-Antoine, Paris).
À plus long terme, il a été décrit des douleurs séquellaires de la réanimation : musculaires (liées aux contractures, à l’atrophie ou à une myopathie), neuropathiques (neuropathies des séjours en réanimation), dues aux procédures de soins, à la trachéotomie et à l’intubation, ainsi que des lésions nerveuses périphériques compressives de l’alitement.
Une aggravation de douleurs préexistantes a aussi été observée, notamment dans les rhumatismes inflammatoires chroniques (RIC). Parmi les facteurs aggravants les douleurs chroniques pendant le Covid-19, ont été relevés : la peur du virus, l’anxiété, l’isolement, le non-accès aux soins, les inégalités sociales, la diminution des activités physiques…
Une prise en charge thérapeutique et psychologique
Les traitements actuels sont essentiellement symptomatiques : paracétamol, anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)… Une récente méta-analyse chez les patients ayant reçu des AINS avant l’infection par le SARS-CoV-2 a bien montré qu’il n’y avait pas d’augmentation du risque de contracter le Covid-19, d’être hospitalisé ou encore de décès (notamment avec l’ibuprofène) [3]. En cas de douleurs persistantes, le traitement antalgique doit être adapté et précoce. Une rééducation et une reprise des activités physiques doivent être proposées.
Par ailleurs, la gestion des comorbidités psychologiques est essentielle. La HAS préconise une exploration des troubles anxieux, dépressifs et fonctionnels somatiques. Un soutien psychologique peut être envisagé.
Une aggravation des RIC
La Pr Pascale Vergne Salle (CHU de Limoges) a mené une enquête parmi des patients atteints de rhumatismes inflammatoires chroniques, ayant répondu à un questionnaire RIC-Covid-19 (au téléphone ou en consultation) pendant le confinement, afin de mesurer l’effet du SARS-CoV-2. Dans cette étude SePaRIC, 1 278 patients ont été appelés entre le 14 et le 28 avril 2020. Les résultats montrent l’impact de la pandémie sur la santé physique et mentale des patients avec une augmentation des douleurs. « Près de 40 % des patients ont eu une aggravation de l’activité de leur maladie. La perception d’aggravation du RIC, l’augmentation de la douleur et la demande de téléconsultation sont surtout associées à l’impact du confinement sur l’activité physique, à la fatigue et au niveau d’adaptation de la situation sanitaire », précise la Pr Vergne Salle. L’effet de la pandémie et du confinement va bien au-delà du risque infectieux. Une attention particulière doit être apportée à la restauration de la mobilité et au support psychologique.
D’après la session « Douleurs et Covid-19 » du congrès 2021 de la SFETD
(1) Facing to long covid. Lancet. 2020 Dec 12;396(10266):1861.
(2) Office for National Statistics 2020.
(3) Moore N et al. Drug Saf. 2021 Sep;44(9):929-38.
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