Le rôle important de la vitamine D dans la régulation de l’immunité est bien établi. Les cellules immunitaires possèdent le récepteur de la vitamine D et elles peuvent l’utiliser de façon autocrine. Au niveau de l’immunité innée, la vitamine D favorise la production de facteurs comme les peptides bactéricides et les défensines. Mais, à côté de cette stimulation de l’immunité innée, la vitamine D présente un effet modulateur négatif sur l’immunité acquise. Elle a donc un large spectre d’actions pouvant apparaître comme contradictoires. Il n’est d’ailleurs pas exclu que les effets de la vitamine D sur la susceptibilité aux infections puissent suivre une courbe en U, comme l’a suggéré une étude réalisée chez des sujets souffrant de tuberculose.
Sur la base de ce rationnel physiopathologique, les relations entre le statut vitaminique D et les infections respiratoires ont fait l’objet de recherches. De très nombreuses études d’association ont ainsi mis en évidence un lien entre le déficit en vitamine D et les infections respiratoires hautes, voire basses, et ce dans quasiment toutes les populations. Mais, il manque toutefois des études contrôlées pour apporter un niveau de preuves plus élevé.
Le plus vaste travail réalisé dans ce domaine, et qui fait référence, est une méta-analyse de toutes les études randomisées contrôlées, publiée en 2013 (1). Ce travail, qui a colligé les données issues de onze études ayant inclus plus de 5 600 patients âgés en moyenne de 16 ans, a conclu à un effet protecteur de la supplémentation en vitamine D avec un odds ratio combiné de 0,64. Mais les auteurs ont toutefois souligné le caractère hétérogène des études et de possibles biais, rendant les conclusions difficiles. Les différentes analyses en régression ont montré que ni l’âge ni le statut en vitamine D à l’inclusion ne semblent jouer un rôle. En revanche, le mode d’administration paraît avoir un impact. En l’occurrence, de petites doses quotidiennes semblent plus efficaces que des doses plus importantes espacées.
Une autre difficulté découle de l’absence de valeur seuil définie spécifiquement dans ce contexte de stimulation de l’immunité. En effet, le seuil de normalité de 30 ng/mL a été établi dans le cadre du métabolisme osseux et non pas dans celui des autres effets de la vitamine D.
Toutes ces données expliquent bien la difficulté à modéliser les objectifs et les modalités d’administration pour les atteindre. Il n’est donc pas aisé de faire des recommandations, mais compte tenu de l’importance de la vitamine D pour la minéralisation osseuse et de la fréquence des déficits, il semble licite de veiller à un apport suffisant chez l’enfant.
Dr Isabelle Hoppenot
D’après un entretien avec le Pr Jean-Paul Viard, Hôtel-Dieu, Paris.
1. Bergman P et al. Vitamin D and respiratory tract infections : a systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials. PLoS One 2013 ; 8 : e65835.
Sur la base de ce rationnel physiopathologique, les relations entre le statut vitaminique D et les infections respiratoires ont fait l’objet de recherches. De très nombreuses études d’association ont ainsi mis en évidence un lien entre le déficit en vitamine D et les infections respiratoires hautes, voire basses, et ce dans quasiment toutes les populations. Mais, il manque toutefois des études contrôlées pour apporter un niveau de preuves plus élevé.
Le plus vaste travail réalisé dans ce domaine, et qui fait référence, est une méta-analyse de toutes les études randomisées contrôlées, publiée en 2013 (1). Ce travail, qui a colligé les données issues de onze études ayant inclus plus de 5 600 patients âgés en moyenne de 16 ans, a conclu à un effet protecteur de la supplémentation en vitamine D avec un odds ratio combiné de 0,64. Mais les auteurs ont toutefois souligné le caractère hétérogène des études et de possibles biais, rendant les conclusions difficiles. Les différentes analyses en régression ont montré que ni l’âge ni le statut en vitamine D à l’inclusion ne semblent jouer un rôle. En revanche, le mode d’administration paraît avoir un impact. En l’occurrence, de petites doses quotidiennes semblent plus efficaces que des doses plus importantes espacées.
Une autre difficulté découle de l’absence de valeur seuil définie spécifiquement dans ce contexte de stimulation de l’immunité. En effet, le seuil de normalité de 30 ng/mL a été établi dans le cadre du métabolisme osseux et non pas dans celui des autres effets de la vitamine D.
Toutes ces données expliquent bien la difficulté à modéliser les objectifs et les modalités d’administration pour les atteindre. Il n’est donc pas aisé de faire des recommandations, mais compte tenu de l’importance de la vitamine D pour la minéralisation osseuse et de la fréquence des déficits, il semble licite de veiller à un apport suffisant chez l’enfant.
Dr Isabelle Hoppenot
D’après un entretien avec le Pr Jean-Paul Viard, Hôtel-Dieu, Paris.
1. Bergman P et al. Vitamin D and respiratory tract infections : a systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials. PLoS One 2013 ; 8 : e65835.
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