De multiples études de cohorte, notamment les données de la Copsac (Copenhagen prospective study on asthma in childhood) ont montré que des expositions indésirables pré- et postnatales précoces (nicotine, pollution environnementale extérieure et intérieure…) et la sensibilisation précoce aux pneumallergènes, ont des conséquences sur la fonction pulmonaire qui persistent à l’âge adulte.
BPCO : des causes dans la petite enfance
L’apparition de la BPCO peut résulter soit de l’incapacité à atteindre une croissance pulmonaire normale (exposition des enfants à la pollution de l’environnement, par exemple), soit d’un déclin accéléré de la fonction pulmonaire. Les facteurs déterminant le taux de déclin se trouvent dans la petite enfance. L’emphysème lié à l’exposition passive à la nicotine est ainsi un phénomène précoce (1). « En effet, même si le tabagisme actif à l’âge adulte est incriminé, il ne peut expliquer à lui seul ce déclin accéléré de la fonction pulmonaire. Les dommages causés par le tabagisme sont beaucoup plus précoces dans la vie », souligne le Pr Andrew Bush (Royaume-Uni).
La laryngomalacie congénitale est un autre exemple de maladie chez les nourrissons pouvant avoir des conséquences plus tardives. On a longtemps pensé qu’elle était transitoire, spontanément résolutive, mais la laryngomalacie laisse des empreintes qui augmentent le risque ultérieur de symptômes induits par l’exercice et d’obstruction laryngée (2). « Le surtraitement, avec des médicaments contre l’asthme, est courant ; les enfants et leurs parents doivent être avertis de ce risque », ajoute le Pr Bush.
De même, l’hyperplasie des cellules neuroendocrines du nourrisson peut entraîner une obstruction à long terme des voies respiratoires, souvent traitée comme de l’asthme allergique, mais sans aucun fondement.
Mucoviscidose : organiser le passage à l’âge adulte
Il y a désormais plus d’adultes que d’enfants atteints de mucoviscidose au Royaume-Uni, comme dans d’autres pays développés. Les programmes de transition sont très importants pour préparer les jeunes et assurer un passage en douceur vers les services hospitaliers adultes.
De nouvelles pathologies sont apparues avec le vieillissement des patients. Il faut aujourd’hui mettre l’accent sur les stratégies de santé osseuse et l’utilisation très précoce de l’insuline. Les prochains défis seront de savoir si les stratégies pédiatriques peuvent réduire le risque de cancer de l’intestin et si le régime alimentaire à haute teneur en calories et en graisses augmente la morbidité cardiovasculaire des adultes.
Ne pas sous-évaluer la bronchectasie
Tous les enfants toussent de temps en temps, et cela est normal chez la plupart. Cependant, des études chez des adultes atteints de bronchectasie montrent que beaucoup ont présenté des symptômes à partir de l’enfance. Cela souligne la nécessité de prendre au sérieux une toux productive persistante, d’essayer de déterminer la cause sous-jacente et d’instituer un traitement efficace avec dégagement des voies aériennes et prise d’antibiotiques pour empêcher la progression de la maladie (lire p. 43).
Le Pr Bush a plaidé pour un renforcement des liens entre les pneumologues pédiatriques et leurs collègues s’occupant des adultes : « Les maladies respiratoires franchissent les barrières d’âge arbitraires et il ne doit pas exister de discontinuité dans la recherche ou les soins cliniques ».
Exergue : Il faut prendre au sérieux une toux productive persistante
Communication du Pr Andrew Bush : « Long term consequences of childhood respiratory diseases » (1) Bush A Lung. Ann AM ; Thorac Soc. 2016;13(5):S438-46 (2) Hilland M et al. Arch Dis Child 2016;101:443-8
Article précédent
Pneumologie pédiatrique, une mobilisation mondiale
Article suivant
Danger des cigarettes électroniques
Les bronchectasies en augmentation
Les SMS du congrès CIPP 2021
Malformations et apnées
Toujours plus loin pour la mucoviscidose
Effets du changement climatique
Asthme « sévère » : une prise en charge personnalisée
Pneumologie pédiatrique, une mobilisation mondiale
Des maladies infantiles mais au long cours
Danger des cigarettes électroniques
Ce qu’on sait du syndrome inflammatoire multisystémique
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024