Conséquences à long terme

Tout semble se jouer très tôt

Publié le 10/09/2015
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Dans l’étude CAMP, qui a suivi des enfants asthmatiques âgés de 5 à 13 ans et traités par budésonide, nédocromil ou placebo, des anomalies du développement respiratoire ont été mises en évidence chez environ un tiers des patients souffrant d’un asthme modéré, et ce quel que soit le traitement. Pour le groupe de Manchester, ces anomalies n’ont été rapportées que chez les enfants avec un wheezing persistant et des allergies multiples.

Les données sur la relation entre le wheezing précoce et le déclin de la fonction respiratoire en spirométrie sont divergentes. La cohorte d’Aberdeen a souligné le lien entre déclin accéléré de la fonction respiratoire et développement d’une bronchopneumopathie obstructive à l’âge adulte. De son côté, le suivi de la cohorte de Melbourne a montré que le déclin de la fonction respiratoire jusqu’à la sixième décade suivait des trajectoires parallèles chez les sujets normaux et chez les asthmatiques, quelle que soit la sévérité de l’asthme. Ainsi, les différences observées à long terme semblent déterminées de façon précoce, au cours des premières années de vie.

Qu’en est-il des asthmes en rémission ? Selon une étude néerlandaise, les adolescents et jeunes adultes en rémission ont une inflammation bronchique à éosinophiles et un remodelage bronchique équivalent à celui observé chez des asthmatiques toujours symptomatiques. Mais l’impact sur le pronostic respiratoire à plus long terme n’est pas connu.

Les liens entre asthme et bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) font l’objet de nombreuses études, complexes en raison des limites mêmes de la définition de la BPCO. En effet, un rapport VEMS/CVF ‹ 70 % est fréquemment rapporté chez des sujets de plus de 50 ans indemnes de toute pathologie respiratoire. Mais près de la moitié des sujets de 50 ans qui souffraient d’un asthme sévère à l’âge de 10 ans ont un rapport VEMS/CVF ‹ 70 %. Chez ces sujets, les antécédents d’asthme ont un impact délétère bien plus important que le tabagisme.

Déficit de taille après traitement

En matière de conséquences des traitements, la principale préoccupation porte sur la taille à l’âge adulte. Les données les plus précises sont issues de l’étude CAMP, qui a mis en évidence dans le groupe budésonide mais pas dans le groupe nédocromil un déficit moyen de 1,2 cm comparativement au groupe placebo. Ce déficit de taille est plus marqué chez les femmes (1,8 cm) que chez les hommes (0,8 cm) et il apparaît au cours des deux premières années de traitement, avec un effet-dose mais pas d’effet cumulatif. Une durée d’évolution de l’asthme prolongée et des allergies associées (possiblement par le biais de leur traitement propre) sont également des facteurs de risque de déficit de taille à l’âge adulte.

L’asthme dans l’enfance a donc des implications à long terme. Il apparaît ainsi important de se pencher sur les premières années de vie, voire la période anténatale si l’on veut améliorer la fonction respiratoire à l’âge adulte.

Session plénière. "Late consequences of chilhood asthma". Communication d’Andrew Bush, Londres, Royaume-Uni.

(1) Tai A et al. Thorax 2014;69:805-10

(2) Tai A et al. J Allergy Clin Immunol. 2014;133:1572-8

(3) Bush A et al. .Arch Dis Child. 2014;99:191-2

(4) Belgrave DC et al. Am J Respir Crit Care Med 2014;189:1101-9

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9431