Covid-19

Un effet durable sur la pratique

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Publié le 03/07/2020
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S'il existe peu de signes digestifs liés au Covid-19, le virus a des effets sur la prise en charge des maladies digestives et les pratiques. Quelles sont les précautions à prendre ?
Un tiers des patients ont des signes digestifs à type d’anorexie et de diarrhée

Un tiers des patients ont des signes digestifs à type d’anorexie et de diarrhée
Crédit photo : phanie

L’infection liée au SARS-COV-2 peut entraîner un large éventail de symptômes, mais finalement peu de signes digestifs. « Un tiers des patients ont des signes digestifs à type d’anorexie et de diarrhée, ce sont plutôt des signes d’accompagnement », souligne le Pr David Laharie (CHU de Bordeaux).

À l’inverse, le Covid-19 peut avoir un impact sur les maladies de l’appareil digestif. Ainsi, la Société nationale française de gastroentérologie (SNFGE), le Groupe d’étude thérapeutique des affections inflammatoires du tube digestif (GETAID) et l'Association française pour l’étude du foie (AFEF) ont fait un certain nombre de recommandations pour aider les prescripteurs.

« De façon générale, les formes graves de Covid-19 touchent des patients âgés, avec des comorbidités telles que les maladies cardiovasculaires, respiratoires, le diabète ou l'obésité », rappelle le Pr Laharie. Les maladies digestives ne constituent pas en elles-mêmes un facteur de risque de forme sévère. Ainsi, chez les patients souffrant de cancer digestif, le risque tient plus aux caractéristiques du patient (âge, comorbidité) qu’au cancer. Le groupe d’oncologie de la SNFGE a mis à jour son thésaurus, avec des recommandations très claires pour les chimiothérapies. Les informations sont actualisées au fur et à mesure de l’évolution des connaissances sur cette maladie et pour l’instant, il n’y a pas de signal négatif.

En cas de maladie du foie, des précautions doivent être prises chez les patients greffés hépatiques, fortement immunodéprimés. L’AFEF a fait des propositions pour la gestion des traitements immunosuppresseurs, en particulier des corticoïdes fortement dosés, susceptibles de favoriser des infections de Covid-19 graves. Il en est de même pour les maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI), avec des recommandations conjointes du GETAID et de la SNFGE. « L’objectif était d’éviter que les patients n’interrompent leur traitement sans avis médical, rapporte le Pr Laharie. Malgré les appels directs des médecins auprès de leurs patients, ceci a été le cas chez certains d’entre eux, qui se sont mis en danger et se retrouvent parfois dans des situations compliquées ».

Un autre impact majeur du Covid-19 a été la désertification des consultations de gastroentérologie, notamment en libéral, ce qui expose au risque de retard diagnostique, car les maladies digestives n’ont pas disparu pendant la pandémie.

La circulation du virus se poursuit, certes pour l’instant de façon modérée, mais cela va avoir des conséquences durables sur les pratiques en raison du risque de transmission du virus, très présent dans les voies respiratoires supérieures, lors des endoscopies hautes. La Société française d’endoscopie digestive (SFED) a émis des conseils sur des précautions d’habillage qui doivent être prises pour éviter la contamination des soignants, mesures qui pourraient s’imposer durablement.

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin