Couverture des seniors, méningocoques chez les jeunes, rattrapage ROR : les points clés du calendrier vaccinal 2025

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Publié le 28/04/2025
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Les autorités sanitaires publient le calendrier vaccinal 2025 en mettant l’accent sur la cible des seniors (grippe, Covid, DTP, zona, pneumocoque, VRS) et l’intensification de la stratégie contre les méningocoques chez les jeunes, annoncée par le ministère le 25 avril.

Crédit photo : BURGER/PHANIE

« Chaque rencontre avec un professionnel de santé est une occasion de vérifier le statut vaccinal et de le mettre à jour à chaque âge de la vie », a déclaré le Dr Grégory Emery, directeur général de la Santé en conférence de presse de présentation du calendrier vaccinal 2025 à l’occasion de la semaine européenne (27 avril au 3 mai).

La vaccination des seniors est mise à l’honneur avec deux changements introduits cette année : l’élargissement de la vaccination contre les pneumocoques par le VPC 20 (Prevenar 20) à l’ensemble des 65 ans et plus (et non plus avec comorbidités) et l’introduction du vaccin VRS (Arexvy, Abrysvo ou mResvia) chez toutes les personnes de plus 75 ans et chez celles de 65 ans et plus avec comorbidités.

Mais au-delà de ces nouveautés, les autorités sanitaires insistent sur les vaccinations déjà recommandées – grippe, Covid, DTP, zona – insuffisamment suivies chez les seniors. « Une personne de plus de 65 ans sur deux est vaccinée pour le DTP ou la grippe, a rapporté la Dr Caroline Semaille, directrice de Santé publique France (SPF). Moins d’une personne sur cinq de plus de 65 ans avec comorbidités était protégée contre le pneumocoque, avant l’élargissement des recommandations ». Le vaccin zona (Shingrix), recommandé dans le précédent calendrier, est remboursé depuis décembre 2024.

Un Français sur cinq a plus de 65 ans et cette population âgée concentre 44 % des admissions en réanimation pour grippe, 60 % des hospitalisations pour infections invasives à pneumocoques et 72 % des hospitalisations pour zona. La Dr Semaille compte sur le bilan de prévention à 60-65 ans, « une opportunité inédite » pour relancer la vaccination dans cette tranche d’âge. Pour faciliter les choses, SPF a mis au point une carte simplifiée spécifique pour le calendrier des seniors avec les six vaccinations recommandées.

Intensification de la vaccination contre les méningocoques

Autre changement majeur, l’intensification de la vaccination contre les méningocoques chez les jeunes a été annoncée par le ministère le 25 avril à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre les méningites. Cette décision a été prise en réponse à la recrudescence des cas qui s’est accélérée en début d’année, favorisée par la forte épidémie de grippe.

L’obligation de la vaccination contre les méningocoques B et ACWY, obligatoire depuis janvier pour les moins de 1 an, a été étendue jusqu’à l’âge de 2 ans. Pour ACWY, deux doses sont nécessaires avant 1 an (à 6 et 12 mois), une seule est nécessaire en rattrapage après.

Un rattrapage transitoire est également recommandé contre le B et ACWY pour les enfants de 2 à 4 ans révolus (5e anniversaire), y compris ceux ayant été vaccinés contre le C seulement.

Pour les adolescents, la vaccination ACWY reste recommandée de 11 à 14 ans ; elle sera proposée cette année au collège avec le vaccin HPV. Un rattrapage contre les méningocoques B et ACWY est proposé en ville aux jeunes âgés de 15 à 24 ans. « Une campagne de sensibilisation sera déployée dès les prochaines semaines, à destination des familles, des professionnels de santé et des jeunes », confirme la Direction générale de la santé (DGS) dans un communiqué.

Rattrapage contre la rougeole

Par ailleurs, alors que le nombre de cas de rougeole augmente en France et à l’international, « la couverture vaccinale nécessaire pour permettre l’élimination de cette maladie (95 % pour deux doses de vaccins) n’est toujours pas atteinte », souligne la DGS. Les autorités appellent à vérifier le statut vaccinal de toutes les personnes nées à partir de 1980 (deux doses, voire trois si la première a été administrée avant l’âge d’un an). « Au-delà de la vaccination des nourrissons, il convient de poursuivre le rattrapage des personnes non ou insuffisamment vaccinées, en particulier parmi les professionnels de santé », est-il rappelé.

Le calendrier introduit cette année le vaccin Qdenga contre la dengue aux Antilles, en Guyane, à Mayotte et à La Réunion : – chez les enfants et adolescents âgés de 6 à 16 ans, résidant dans ces territoires, avec antécédent documenté de dengue ; – chez les personnes âgées de 17 à 60 ans présentant des comorbidités (drépanocytose, hypertension artérielle compliquée, diabète, obésité, insuffisance rénale, affections cardio-pulmonaires chroniques, autres hémoglobinopathies, thrombocytopathies), avec ou sans antécédent de dengue, résidant dans ces territoires, en raison du risque de décompensation.

Accélérer les progrès de la couverture vaccinale

Les autorités se félicitent du succès de la vaccination HPV au collège (200 000 jeunes vaccinés en 2023-2024) et comptent atteindre l’objectif d’une couverture à 80 % d’ici à 2030, afin de pouvoir éradiquer les cancers HPV induits suivant les exemples suédois, australiens et danois. En 2024, 58,4 % des jeunes filles de 15 ans et 36,9 % des garçons du même âge ont reçu au moins une dose du vaccin. La campagne au collège s’est accompagnée d’une augmentation de la vaccination en ville.

Selon le baromètre de Santé publique France 2024, 84 % de la population est favorable à la vaccination. « L’extension des compétences vaccinales des professionnels de santé a permis de démultiplier les occasions de se faire vacciner », a souligné le directeur général de la santé, ajoutant que la stratégie vaccinale 2025-2030 ira plus loin (lire encadré). La promotion de la vaccination passe par l’information mais aussi par la lutte contre la désinformation en santé, s’inscrivant dans le plan présenté mi-avril par le ministre.

Une stratégie vaccinale 2025-2030 en cinq axes

Le directeur général de la Santé a présenté les grandes lignes de la stratégie vaccinale 2025-2030, qui s’articulera autour de cinq axes : 1. multiplier les opportunités vaccinales au cours de la vie (diversifier l’offre en ville, à l’hôpital et au collège) ; 2. simplifier (gagner en lisibilité, aller vers les populations les plus concernées) ; 3. développer le numérique (carnet de vaccination électronique) ; 4. former les professionnels de santé, « un levier clé » ; 5. informer et communiquer.


Source : lequotidiendumedecin.fr