Vaccins, hydroxychloroquine : deux ans d'errance

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Publié le 22/04/2022

C’était en mars 2020, en pleine première vague. Marine Le Pen prônait la « liberté des médecins de prescrire » de l’hydroxychloroquine contre le Covid. Par la suite, la présidente du RN ne cachera plus sa sympathie pour le Pr Didier Raoult, allant jusqu’à exhiber un santon à l'effigie du controversé professeur marseillais pour Noël. « Didier Raoult m’est sympathique parce qu’il est critiqué », assume-t-elle. « Raoult est à la médecine ce que nous sommes à la politique », ajoute en mai 2020 Jordan Bardella, président du RN. Un mois plus tard, alors que l’efficacité de la molécule est contestée par la communauté scientifique, Marine Le Pen enfonce le clou, soutenant que « s'il est prouvé que la chloroquine est efficace, il s'agira d'un scandale sanitaire majeur ».

En janvier 2021, puis en janvier 2022 lors de ses vœux à la presse, la candidate frontiste n’aura de cesse d’invoquer « la liberté et l’autonomie des médecins frustrés de ne pouvoir prescrire à leurs patients les médicaments qui leur apparaissent efficaces », citant l’ivermectine ou « le traitement utilisé sur Donald Trump » et regrettant que les médecins n’aient « plus le droit de prescrire autre chose que du Doliprane ».

Sur les vaccins, Marine Le Pen a ménagé la chèvre et le chou, jurant qu'elle n'est pas « antivax », mais défendant volontiers les non-vaccinés, à l'instar des soignants qu'elle souhaite « réintégrer ». En décembre 2020, à la veille du lancement de la campagne vaccinale, Marine Le Pen préférait attendre « un vaccin traditionnel », jugeant que l’on « n’avait pas de recul » à propos de la technologie ARNm. Un mois plus tard, elle admet vouloir se faire vacciner maintenant que son « médecin a reçu les études ». Si elle précisait début 2022 être « trois fois vaccinée », Marine Le Pen s’est attelé à fustiger toute forme d'obligation, passe sanitaire puis vaccinal, martelant sa ligne directrice : la liberté individuelle de choix plutôt que les messages de santé publique. En 2017 déjà, alors qu’Agnès Buzyn s’apprêtait à rendre 11 vaccins obligatoires, le RN s’inquiétait de la « dérive inquiétante » de l’obligation vaccinale.

Début 2022, la candidate s’était dite fermement opposée à la vaccination Covid des enfants, la comparant à « une forme de maltraitance ». Mais là encore, Le Pen admettra que le vaccin peut être utile pour les enfants fragiles. En revanche, elle a plaidé avec constance pour l'analyse généralisée des eaux usées pour détecter les clusters.  

L.G.

Source : Le Quotidien du médecin