Les errances diagnostiques de la première ministre britannique, Theresa May, traitée dans un premier temps par antidiabétiques oraux pour un diabète de type 1 (DT1) survenu à 53 ans, auraient-elles incité l’équipe du Dr Nicholas Thomas (Exeter, Grande-Bretagne) à se pencher sur les DT1 à début tardif ?
Un diabète sur cinq insulinotraité d’installation tardive serait un DT1
Les chercheurs britanniques se sont en tout cas emparés du sujet et ont mené une étude afin de déterminer la prévalence et les caractéristiques du DT1 survenant après l'âge de 30 ans. Leur travail a analysé une sous-population de 13 250 diabétiques de tous types, issue d’une cohorte de 379 511 patients de 30 à 60 ans. Ils ont passé au crible les caractéristiques cliniques des 583 diabétiques à diagnostic tardif insulino-traités et les ont comparées à celles d'autres participants produisant encore un peu d'insuline, ainsi qu'à 220 personnes présentant un déficit insulinique sévère diagnostiqué avant l'âge de 30 ans.
En moyenne, ces patients étaient âgés de 48 ans à l’entrée dans la maladie. Dès le diagnostic, 21 % d’entre eux souffraient d'un déficit en insuline sévère, suggérant l’existence d’un DT1 et auraient dû être traités immédiatement par une supplémentation. Or, seuls 39 % avaient bénéficié d’une telle approche thérapeutique, les autres ayant été pris pour des diabètes de type 2 et traités par antidiabétiques oraux (pendant en moyenne un an).
La maigreur du patient doit alerter
Quels signes auraient dû alerter les médecins ? Avant tout l’IMC, puisqu’il était en moyenne de 26 kg/m2 en cas de DT1, contre 32,6 % pour les témoins de type 2. La recherche d’auto-anticorps (anti-GAD, anti-IA2, anti-îlots, anti-insuline) peut être un autre élément d’orientation puisque les diabétiques de type 1 à diagnostic tardif présentent pour 82 % d’entre eux de tels auto-anticorps (contre 7 % des témoins).
L’analyse génétique à l’aide de score fondé sur la présence de 29 mutations pouvant induire un diabète de type 1 est aussi un élément d’orientation, puisque 60 % des diabétiques de type 1 tardifs étaient porteurs d’anomalies génétiques.
Enfin, l’absence de réponse à un traitement antidiabétique oral bien conduit doit faire remettre en question rapidement un diagnostic de diabète de type 2 : dans cette étude, les DT1 tardifs sont en effet 89 % à avoir besoin d’insuline 12 mois après le diagnostic (contre 6 % chez les témoins).
« Le passage rapide à l’insuline chez un patient diagnostiqué diabétique après 30 ans doit faire évoquer la survenue d’un diabète de type 1 tardif, tout comme un IMC normal ou bas, l’inefficacité des antidiabétiques oraux et la présence d’auto-anticorps, résume le Dr Thomas, rappelant que tout retard au diagnostic peut majorer le risque de complications, en particulier d’acidocétose. »
D. L.
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