Chirurgie non cardiaque

Ne pas stopper l’aspirine en cas d’antécédent d’angioplastie coronaire

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Publié le 07/12/2017
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angioplastie

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Crédit photo : Phanie

Les résultats de l’étude POISE-2 (Perioperative Ischemic Evaluation-2), publiés en 2014, avait démontré que, lors d’une chirurgie non cardiaque, le maintien de l’aspirine, par rapport à son arrêt transitoire ne modifie pas le risque de décès et d’IDM à un mois mais augmente significativement le risque d’hémorragies majeures (HR : 1,25 ). Conduite en double aveugle contre placebo, l'étude avait inclus 10 010 patients à risque vasculaire élevé, parmi lesquels 470 avaient eu une angioplastie coronaire dans un délai médian de 64 mois avant l’inclusion dans l’étude. Chez ces patients, l’angioplastie avait été effectuée soit avec un stent nu (54% des cas), un stent actif (25%), sans stent (9%) ou sans connaissance de la nature du stent (12%).

L’analyse a posteriori, présentée à l’AHA, évaluait l’interaction entre le groupe avec antécédent d’angioplastie coronaire et le groupe sans antécédent d’angioplastie coronaire, ainsi que les résultats dans le sous-groupe ayant une maladie coronaire. Les critères d'évaluation étaient les décès et IDM à 30 jours postopératoires, ainsi que les hémorragies majeures à 30 jours postopératoires.

L’étude a montré qu’un mois après la chirurgie non cardiaque, il n’existe pas de différence significative dans l’incidence des décès et IDM, que l’aspirine ait été maintenue ou non (HR : 0,99 ). Si ce résultat global était similaire chez les 2 268 patients ayant une maladie coronaire à l’inclusion, il a été statistiquement différent (p = 0,036 pour l’interaction) chez les patients ayant un antécédent d’angioplastie coronaire : l’incidence des évènements du critère primaire a été significativement moindre chez les patients ayant maintenu l’aspirine que chez ceux l’ayant arrêtée (14 vs 27 ; HR 0,50 ) essentiellement en raison d’une diminution de l’incidence des IDM (12 vs 26 ; HR : 0,44).

Aucune différence significative n'a été constatée concernant l’incidence des hémorragies majeures dans le sous-groupe de patients ayant un antécédent d’angioplastie coronaire, que l’aspirine ait été maintenue ou transitoirement arrêtée.

Cette étude a de nombreuses limites (analyse a posteriori non prédéfinie, petite taille de l’échantillon et très faible nombre d’événements) mais, si le risque hémorragique le permet, elle incite à maintenir l’aspirine en cas de chirurgie non cardiaque, chez les patients ayant un antécédent d’angioplastie coronaire.

Cardiologue, Clinique Villette (Dunkerque)
Graham MM et al. Aspirin in patients with previous percutaneous coronary intervention undergoing noncardiac surgery. Ann Intern Med 2017; DOI: 10.7326/M17-2341.

Dr François Diévart

Source : Le Quotidien du médecin: 9625