Homéopathie, inégalités dans les CHU, censure…

Pas de trêve des confiseurs pour les polémiques

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Publié le 07/01/2019
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HOMEOPATHIE

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Crédit photo : PHANIE

Les polémiques ignorent les jours fériés et la trêve des confiseurs. À l'hôpital comme en médecine de ville, elles ont continué à émailler le monde de la santé jusqu'à la nouvelle année. Florilège. 

Homéopathie : l'Ordre s'en mêle et... s'emmêle

Le feuilleton entre les adeptes et les détracteurs de l'homéopathie s'est achevé (provisoirement) en 2018 par une sanction ordinale contre deux médecins généralistes signataires de la tribune publiée en mars dernier dans « Le Figaro » et qui dénonçait une pratique « inefficace voire dangereuse ». Visés par une plainte du Syndicat national des médecins homéopathes français (SNMHF), les praticiens, deux femmes âgées de 35 et 38 ans, ont été condamnés à un avertissement par la chambre disciplinaire de première instance du conseil régional de l'Ordre des médecins (CROM) de Champagne-Ardenne. Jusqu'à présent resté en dehors du conflit, l'Ordre national des médecins a décidé de faire appel de cette décision « à titre conservatoire ». Une prise de position traduisant la division au sein même des instances ordinales mais saluée par le collectif « FakeMed », qui fustigeait jusque-là l'Ordre national pour son « inaction ».

Des arrêts de travail dématérialisés anticonstitutionnels !

La prescription dématérialisée des arrêts de travail ne passera pas par le budget de la Sécurité sociale (PLFSS) ! Le Conseil constitutionnel a en effet censuré ce « cavalier » social fin décembre. Cette mesure n'a « pas d'effet ou un effet trop indirect sur les dépenses des régimes obligatoires de base ou des organismes concourant à leur financement », indiquent les sages. En clair, elle ne trouve pas sa place dans une loi de financement. Proposition forte de la mission sur les arrêts de travail, la prescription dématérialisée avait pourtant été adoptée par l’Assemblée nationale à la faveur d'un amendement du gouvernement. Ce dernier devra donc trouver une autre voie législative pour adopter cette réforme. 

Aux postes de pouvoir, l'hôpital se moque de la parité

Les femmes sont trop souvent exclues des postes clés et de prestige à l'hôpital public. Dans une tribune publiée le 29 décembre dans « Le Monde », 130 médecins, dont beaucoup de professeurs (PU-PH) et maîtres de conférences (MCU-PH) des universités, ont dénoncé les inégalités flagrantes entre hommes et femmes dans l'accès aux postes hospitalo-universitaires et aux instances de gouvernance des hôpitaux, des facultés de médecine et des conseils d'administration de sociétés savantes.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Alors qu'elles représentent 52 % des médecins hospitaliers en 2018 selon le Centre national de gestion (CNG), seul 19 % du corps des PU-PH était féminin en 2016. Plus alarmant, sur les 12 commissions médicales d'établissements locales (CMEL) qui composent l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) aucune n'est présidée par une femme. Un manque criant de parité que ces praticiens expliquent notamment par « l'autocensure des femmes vis-à-vis de ces carrières » et « une reproduction inconsciente et collective du schéma masculin prédominant à l'université ».

Mais la tribune met également en cause le machisme ambiant comme barrière à la visibilité scientifique des femmes. Elle reprend plusieurs articles parus dans le « Journal of the American Medical Association » (JAMA) montrant qu'aux États-Unis, à travail de recherche clinique égal, les hommes sont cités en premiers et plus souvent invités à intervenir lors de séminaires scientifiques.

Pour y remédier, les signataires appellent à « prendre toutes les mesures nécessaires pour favoriser une accession satisfaisante des femmes » aux postes hospitalo-universitaires. Ils réclament un état des lieux sur la place des femmes dans les carrières hospitalo-universitaires et les postes de direction. Les auteurs demandent aussi que des « actions soient menées pour accompagner les femmes à être candidates aux nominations comme MCU-PH ou PU-PH ».

Un député médecin fait scandale sur Twitter

Le député médecin Joachim Son-Forget aura marqué à sa façon la fin d'année 2018. Ce radiologue de 35 ans, élu LREM de la circonscription des Français de l'étranger (Suisse et Liechtenstein), est parti en roue libre sur Twitter au point de se retrouver dans la tourmente politique. Le spécialiste en psychologie cognitive à Lausanne a inondé le réseau social de tweets saugrenus ou absurdes jusqu'à s'attirer les foudres de son groupe à l'Assemblée, qui a déclaré vouloir « étudier son cas » très sérieusement.

Tout commence le 23 décembre avec un tweet sexiste adressé à la sénatrice EELV Esther Benbassa. La réflexion suscite la colère des internautes et d'une grande partie de ses collègues jusque dans son camp − Gilles le Gendre, président du groupe LREM à l'Assemblée nationale, le désavouant publiquement. Mais plutôt que de faire profil bas, Joachim Son-Forget alimente la polémique. Il signe une centaine de tweets loufoques ou provocateurs s'en prenant à ses détracteurs qu'il qualifie de « collègues hypocrites déversant leur fiel ». Plus tard, c'est équipé d'un gilet pare-balles ou maniant un sabre laser que le député s'affiche. Son cas devrait être étudié le 14 janvier lors de la réunion de rentrée du groupe macroniste.

L'ARS Île-de-France vole au secours de ses SAMU

À l’instar de la période estivale, les fêtes sont synonymes de tensions pour les SAMU. Cette année, c'est en Seine-Saint-Denis que le malaise a été le plus criant. À tel point qu'à la veille de Noël, les agents du SAMU 93 avaient déposé un préavis de grève, levé ensuite à la suite de la signature d'un protocole d'accord prévoyant une dizaine de recrutements.

Des embauches financées essentiellement par l'agence régionale de santé (ARS) Île-de-France qui a débloqué 2,4 millions d'euros pour ses huit SAMU dont 300 000 euros pour la Seine-Saint-Denis. Le reste est une promesse de l'AP-HP de « renfort pour la période hivernale » à hauteur de trois postes de remplacement. La hausse des effectifs concernera surtout les assistants de régulation médicale (ARM) chargés de la réception des appels. Un « vivier de personnel de remplacement », composé d'étudiants en santé formés à la régulation, sera créé pour disposer d'un dernier poste « en cas de besoins ponctuels »

Martin Dumas Primbault et Marie Foult

Source : Le Quotidien du médecin: 9713
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