Dyspnées

Que faire en cas de BPCO ?

Par
Publié le 31/01/2019
BPCO

BPCO
Crédit photo : Phanie

« Il n'y a rien de plus naturel que de respirer, mais dès que l'on a cette perception désagréable de la respiration, cela devient vite une souffrance », indique le Pr Bruno Housset, chef du service de pneumologie au Centre hospitalier intercommunal de Créteil, dans le Val-de-Marne. « Or, la dyspnée, est souvent sous-estimée et non prise en compte en tant que douleur, et les patients finissent par ne plus oser en parler », regrette-t-il. Selon le président de la Fondation du souffle, il est donc capital de savoir identifier la dyspnée, notamment chez les patients souffrant de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO).

Aspects sensoriels et affectifs

Si l'échelle MMRC (Modified Medical Research Council) permet de grader la dyspnée sur le plan sensoriel, c'est-à-dire en termes d'intensité, il est plus compliqué de la caractériser sur le plan affectif, « c'est-à-dire d'évaluer les affects, les réactions telles que l'angoisse ou la peur qu'elle peut provoquer », indique le Pr Housset. Notamment parce que les scores et questionnaires disponibles ne sont pas entrés dans la pratique courante en médecine générale, mais aussi parce que seul le patient peut exprimer cette notion affective. « Pourtant, ces deux dimensions, sensorielles et affectives, doivent être prises en compte dans la discussion avec un patient sur la dyspnée », souligne le pneumologue.

Kinésithérapie et pharmacologie

Une fois la dyspnée identifiée chez un patient souffrant de BPCO, il est possible de la réduire par la réhabilitation respiratoire : « l'entraînement des muscles respiratoires et surtout des muscles périphériques permet de diminuer la charge sur le système respiratoire et d'améliorer ainsi la sensation dyspnéique et l'endurance », indique le Pr Housset. D’autres méthodes, non pharmacologiques (hypnose, méditation), sont également en cours d’évaluation.

Les bronchodilatateurs permettent également de réduire la dyspnée : selon les recommandations de la Haute Autorité de santé, la prise en charge pharmacologique se fait avec un anticholinergique ou un β2-agoniste de courte durée d'action en première intention voire un β2-agoniste de longue durée d'action. « Si ce n'est pas suffisant, on passe à l'association des deux, mais on cherche surtout à déterminer pourquoi le premier traitement n'est pas suffisant », souligne le médecin. En vérifiant, tout d'abord, que le patient prend bien son traitement et de façon correcte. Si c'est le cas, « il faut s'assurer qu'il n'existe pas de comorbidités pouvant expliquer l'insuffisance du traitement, comme des problèmes cardiologiques, un reflux gastro-œsophagien, une obstruction nasale ou une hyperventilation qui favorisent la sensation d'essoufflement », précise le pneumologue. « Chez les patients les plus sévères, notamment exacerbateurs fréquents, l'essai de l'association d'une corticothérapie inhalée aux bronchodilatateurs peut parfois se justifier en respectant les conditions d’AMM », ajoute-t-il.

Les morphiniques, eux, sont efficaces dans les dyspnées réfractaires : à faible dose (10 à 30 mg/j), ils soulagent la dyspnée par un effet sur les centres respiratoires, « sans avoir de conséquences, notamment en termes de somnolence ou d'aggravation de l'insuffisance respiratoire, contrairement à une idée largement répandue », indique le Pr Housset, qui déplore « une sous-utilisation majeure de ce traitement ».

Quant aux symptômes anxiodépressifs consécutifs aux angoisses et aux peurs provoquées par la dyspnée, « ils ne sont pas simples à traiter, d'où l'intérêt d'améliorer en priorité la sensation dyspnéique », conclut le pneumologue.

Stéphany Mocquery
En complément

Source : Le Quotidien du médecin: 9720