Hépatite C

Les généralistes bientôt en première ligne

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Publié le 04/02/2019
Hépatite c

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Crédit photo : Phanie

À l'heure où les nouveaux traitements antiviraux permettent de guérir les patients porteurs de l'hépatite C, quel est le rôle des médecins généralistes ? « Il faut qu'ils continuent à faire ce qu'ils font depuis des années : du dépistage », répond le Pr Victor de Lédinghen, hépatologue au CHU de Bordeaux. Plus précisément, « puisque 100 000 personnes sont actuellement porteuses du VHC en France dont 60 000 l'ignorent et que nous disposons désormais de traitements pour les guérir, il faut que les médecins généralistes dépistent tous leurs patients », ajoute-t-il.

Ce dépistage de la totalité de leur patientèle n'est pour l'instant que le premier pan de la mission qui incombe aux généralistes dans l'optique d'une élimination de l'infection par le VHC en France à l'horizon 2025. C'est ce qu'exprime l'Association française pour l'étude du foie (Afef) dans ses recommandations parues en mars 2018 et dont le Pr de Lédinghen est l'un des rédacteurs. Pour l'Afef, il est devenu « indispensable d'élargir l'autorisation de prescription des agents antiviraux directs à l'ensemble des médecins », ce qui placerait d'emblée les généralistes en première ligne de la prise en charge de cette infection. Selon le Pr de Lédinghen, cette autorisation « devrait être effective au printemps », après que la Haute Autorité de santé (HAS) aura publié ses recommandations permettant à la Direction générale de la santé (DGS) de faire paraître le décret. Déjà, les traitements ont été sortis de la réserve hospitalière et sont désormais disponibles en officine de ville.

Plus simple que de prescrire des sartans ou des statines

En cas de diagnostic positif, le Pr de Lédinghen précise que « le médecin traitant doit faire mesurer la charge virale et vérifier si le patient remplit toutes les conditions nécessaires à sa prise en charge dans un parcours de soins simplifié : l'absence de co-infection par le VHB et/ou VIH, d'insuffisance rénale ou de maladie hépatique sévères, de consommation excessive d'alcool, de surpoids ou d'obésité avec ou sans diabète et de traitement antiviral antérieur ». Pour écarter le diagnostic de maladie hépatique, le médecin doit se référer aux résultats d'un fibroscan, d'un fibrotest ou d'un fibromètre. En fonction de toutes ces données, et à partir du moment où il en aura reçu l'autorisation par décret, le généraliste pourra prescrire un traitement antiviral ou orienter le patient dans un parcours de soins spécialisé. Dans la mesure où deux traitements pangénotypiques sont sur le marché (Epclusa et Maviret), le Pr de Lédinghen souligne « que la recherche du génotype du VHC n'est désormais plus recommandée ».

Lors de la durée du traitement qui pourra être de 8 ou de 12 semaines en fonction de l'antiviral prescrit parmi les deux recommandés, l'Afef précise qu'« il n'est pas nécessaire que le patient soit revu systématiquement par le médecin prescripteur ». Ces consultations de suivi qui « visent à évaluer la tolérance, l'observance et les interactions médicamenteuses (…) sont optionnelles et peuvent être effectuées par du personnel non médical », ajoute la société savante. Trois mois après l'arrêt du traitement, un contrôle de la charge virale est effectué pour vérifier qu'elle est bien devenue indétectable et que le patient est guéri. Pour définitivement rassurer les généralistes, le Pr de Lédinghen assure qu'« il est plus simple de prescrire ces antiviraux qui ne présentent pas d'effet indésirable grave que des traitements hypertenseurs ou des statines ».

Benoît Thelliez

Source : Le Quotidien du médecin: 9721