Une avancée majeure pour le CBNPC

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Publié le 23/06/2016
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L’immunothérapie par nivolumab devrait changer le pronostic du cancer bronchopulmonaire non à petites cellules (CBNPC) métastatique en échec thérapeutique, avec une supériorité significative sur la survie et une toxicité bien moindre que la chimiothérapie conventionnelle.

En l’absence de spécificité d’organes, cette molécule est déjà utilisée, seule ou en association dans le mélanome métastatique (lire ci-dessus) et en cours d’investigations dans diverses localisations.

Plusieurs études de phase III avaient prouvé en 2015 sa supériorité nette, en termes de réponse et de survie, par rapport au docetaxel dans le CBNPC (épidermoïde ou non) au stade métastatique déjà traité, avec une tolérance bien meilleure. Les données présentées cette année à l’ASCO le confirment : à deux ans, 29 % des patients traités par nivolumab sont en vie vs 16 % pour le docétaxel dans le CPNPC non épidermoïde, des chiffres respectivement de 23 % vs 8 % dans les CPNPC épidermoïdes. « Non seulement la survie est prolongée, mais certains patients sont en rémission depuis 5 ans » se félicite le Pr Jean Tredaniel (Paris).

« Alors que les chimiothérapies conventionnelles sont responsables de 80 % d’effets iatrogéniques, l’immunothérapie n’en provoque globalement que 20 % » poursuit-il. Il s’agit essentiellement de problèmes liés à la stimulation de l’immunité, avec des pathologies auto-immunes comme les thyroïdites – les plus fréquentes – mais aussi des colites, des hépatites, des néphrites ou des pneumonies. Dans la grande majorité des cas, en particulier dans les thyroïdites, la traduction est uniquement biologique mais peut nécessiter un traitement thyroïdien substitutif. Exceptionnellement, lorsque la maladie auto-immune est plus grave, on doit arrêter le traitement et, si cela ne suffit pas, envisager le recours à des immunosuppresseurs comme les corticoïdes.

On ne connaît pas actuellement de biomarqueurs prédictifs de la réponse tumorale (lire page précédente). « Il est vraisemblable que, plus les récepteurs PDL1 sont nombreux, plus marquée sera la réponse, mais le nivolumab reste très efficace dans les tumeurs exprimant peu le PDL1. Il semble aussi que les cancers chez les fumeurs soient plus sensibles à l’immunothérapie, l’altération immunologique étant plus prononcée chez eux, néanmoins cela ne constitue pas un argument pour la décision thérapeutique. Aujourd’hui, l’AMM pour le nivolumab est en deuxième ligne de traitement concerne tous les CPNPC sans aucune restriction » conclut le Pr Tredaniel.

D’autres immunothérapies sont en cours de développement dans le cancer bronchopulmonaire et des études vont comparer les anti-PD-1 aux anti-CTLA-4 et évaluer leur association, en sachant que ces derniers sont plus mal tolérés que les anti-PD-1.

D’après un entretien avec le Pr Jean Trédaniel, Hôpital Saint-Louis, Paris

Dr Maia Bovard-Gouffrant

Source : Le Quotidien du médecin: 9507