Trente à quarante mille personnes sont infectées par le VIH sans être diagnostiquées. 47 % des personnes pour qui le diagnostic de sida maladie est porté présentent un retard de dépistage… malgré les messages de prévention. La HAS recommande le dépistage annuel chez les groupes à risque : hommes qui ont des rapports avec les hommes (HSH), hétérosexuel.le.s ayant plus d'un partenaire au cours des douze derniers mois, usagers de drogues injectables, prostitué.e.s, personnes originaires des zones de haute prévalence. Certes. Mais il faut aussi penser au dépistage dans la population générale, donc en parler. Les professionnels de santé seraient-ils réticents ? Dans un rapport de 2013, une commission d'experts soulignait « la faible intégration du dépistage dans la pratique quotidienne du médecin généraliste », deux dépistages sur trois étant réalisés à la demande du patient.
Une enquête réalisée auprès de 83 participants d'un congrès orienté vers les sexologues mais aussi les gynécologues et les sages-femmes, réalisée à Marseille en septembre 2015, montre que les professionnels de santé se disent à l'aise pour évoquer les questions liées à la sexualité (90 %) ou à la prévention VIH/IST (96 %), et déclarent trouver facile de proposer un test de dépistage VIH (87 %) ou d'annoncer une séropositivité (83 %). Mais ils sont également une majorité à déclarer que les freins au dépistage résident dans leur manque de formation dans ce domaine (74 %) et d'information (69 %).
En réalité, plus qu’oser poser les questions, le problème est de savoir quelles questions poser et comment. La transmission se maintient donc, notamment dans deux groupes : les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) et les personnes hétérosexuelles qui ont des pratiques à risque et/ou avec de multiples partenaires.
Cibler les occasions
Afin de réduire les occasions manquées de dépistage, des actions ont été proposées dans quatre salons de l'érotisme. 943 personnes ont été interrogées, dont deux tiers d'hommes. Plus d'un tiers n'avait jamais été testé pour le VIH et 70 % pour les IST. 69 % avaient eu des rapports sans préservatif au cours des 12 derniers mois. Parmi les 943 tests rapides d'orientation diagnostique (TROD) VIH réalisés, 3 étaient positifs. Ceci suggère l'intérêt de nouveaux lieux de dépistage et d'information pour des personnes qui n'auraient pas fait la démarche spontanément.
Communication de la Dr Mireille Bonierbale, psychiatre, sexologue, CHU de Marseille
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