Le tabagisme induit une forte dépendance, ce qui en fait une maladie chronique dont l’évolution est marquée par de fréquentes rechutes et une issue fatale 2 fois sur 3.
À la phase initiale de la tentative d’arrêt, le syndrome de sevrage est fréquent. Il est d’autant plus marqué que le niveau de dépendance tabagique est élevé. Il s’accompagne d’une envie irrépressible de fumer (« craving »).
La sensation de manque s’atténue d’autant mieux qu’elle est compensée par l’utilisation de médicaments d’aide à l’arrêt du tabac (substituts nicotiniques, varénicline, bupropion).
En revanche, le craving est plus tenace. Il représente une cause majeure de reprise tardive de la consommation de tabac. Plus il est intense et fréquent, moins la probabilité d’abstinence à long terme est élevée. C’est une composante essentielle de toute addiction, dont le mécanisme met en jeu la recherche de récompense, le soulagement ou une perte de contrôle en réponse à des stimuli divers. Les affects négatifs ou la survenue de manifestations anxiodépressives peuvent également être à l’origine d’échecs de la tentative d’arrêt ou la cause de reprise de la consommation.
Acceptation et engagement
La prévention de la reprise du tabac relève d’une prise en charge globale du patient fumeur, mettant à profit les thérapies cognitivocomportementales (TCC) en complément des thérapies médicamenteuses. La thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT), troisième vague des TCC, entraîne les patients à être davantage disposés à faire l’expérience de leurs sensations physiques désagréables (comme les envies de fumer), de leurs émotions (comme le stress) et de leurs pensées (« j’ai vraiment besoin d’une cigarette maintenant »). Elle s’adresse directement au craving. L’acceptation est la disposition à accepter de vivre totalement tous les aspects de l’expérience, et l’engagement des personnes se fait au service de leurs valeurs personnelles. L’ACT prône d’abandonner la lutte et de progressivement se disposer à observer ses envies et les laisser passer sans avoir recours à la cigarette.
La pratique de l’exercice physique aide au contrôle du craving, au même titre que des traitements spécifiques (médicaments, stimulation électromagnétique transcrânienne, etc.) d’autres options thérapeutiques sont possibles.
Dans le futur, des médicaments pourront agir sur les récepteurs impliqués dans son mécanisme et des stratégies diverses (remédiations cognitives, etc.) pourraient faciliter son contrôle. La prévention de la reprise après arrêt du tabac suppose un bilan initial exhaustif du tabagisme permettant une prise en charge et un suivi personnalisé de l’aide à l’arrêt.
(1) Dispensaire Émile Roux, centre de lutte antituberculeuse (CLAT 63), Clermont-Ferrand
(2) Lyon
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