Le Dr Ivan Berlin (hôpital La Pitié-Salpêtrière, Paris) est formel : chez la femme enceinte, il faut rester ferme sur l’obtention d’un sevrage tabagique total. Un message qui découle notamment des résultats d’une analyse secondaire de l’étude SNIPP publiée au printemps dernier (1) : fumer pendant la grossesse, même moins de 5 cigarettes par jour, expose à un risque de moindre poids de naissance.
Dans cette étude, menée chez 381 femmes enceintes fumeuses, celles qui ont continué de fumer après le premier trimestre ont eu des enfants de plus petit poids que celles qui avaient complètement arrêté : 228 g de moins pour une consommation de 1 à 4 cigarettes/jour, 251 g de moins pour une consommation de 5 à 9 cig./j et 262 g à partir de 10 cig./j.
Ces données vont à l’encontre de la stratégie dite de réduction des risques, prônée par certains. Ceci est bien établi pour le risque cardiovasculaire, où diminuer sa consommation ne réduit clairement pas les risques (lire page XX). « Et c’est donc également vrai pour les femmes enceintes qui, comme les autres fumeurs, sont capables de compenser un moindre apport en nicotine en tirant plus sur les cigarettes par exemple », souligne le Dr Ivan Berlin à l’origine de cette analyse.
À cet impact négatif du tabagisme sur le poids de naissance et sur les risques périnataux, il faut ajouter les effets à plus long terme, que l’on commence à peine à cerner. Des études de cohorte ont montré que le tabagisme maternel est un facteur de risque indépendant d’asthme, d’obésité et de troubles du comportement chez les enfants, conséquences probables de modifications épigénétiques pendant la grossesse.
D’après un entretien avec le Dr Ivan Berlin, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière (Paris)
(1) Berlin I et al. Nicotine Tob Res. 2017 May 1;19(5):518-24
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