« SELON LE MODÈLE classique de la dépendance à l’alcool, le seul objectif lors d’une prise en charge thérapeutique est l’abstinence », a rappelé le Pr Henri-Jean Aubin (Villejuif). Les textes plus récents, notamment celui de l’EMA en 2010, soulignent qu’une évolution de la prise en charge est possible, et peut se fonder dans un premier temps sur un objectif de réduction de la consommation, pour ensuite essayer d’obtenir l’abstinence. Il s’agit donc d’un point de vue plus ouvert que par le passé, a noté le Pr Aubin avant de poser la question des bénéfices d’une réduction de la consommation sur la santé. Il est établi que le risque de cirrhose et de cancer est corrélé au degré de consommation. En revanche, la relation entre consommation d’alcool et risque d’infarctus du myocarde suit une courbe en J, traduisant l’effet cardioprotecteur de l’alcool à faible dose. Ceci est également retrouvé pour le risque d’accident vasculaire cérébral et de diabète, ainsi que pour la mortalité toute cause.
Mais quelle est la stabilité de la réduction de la consommation d’alcool chez le sujet alcoolo-dépendant ? Une enquête réalisée aux États-Unis auprès de plus de 2 700 sujets en rémission complète (abstinence, usage simple ou à risque), depuis plus de 12 mois, montre la très grande stabilité de la rémission à 3 ans, avec peu de rechutes : 80 % des sujets en rémission complète avec un usage simple le restent trois ans après. Ce taux est de 60 % pour ceux ayant un usage à risque. « Un double enseignement peut être tiré de cette étude, a souligné le Pr Aubin, l’abstinence est la modalité la plus stable de la rémission complète, mais elle n’est pas la seule ». Il est donc intéressant que le praticien ait une position plus ouverte entre l’abstinence complète et la consommation contrôlée, le plus important étant de faire rentrer le patient dans un programme thérapeutique. L’expérience montre aussi que plus de la moitié des patients optent d’emblée pour une abstinence complète et que bon nombre de ceux ayant opté dans un premier temps pour une réduction de la consommation s’orientent rapidement vers l’abstinence complète.
D’après la session Rencontre avec l’expert : « Appétence à l’alcool : de la clinique à la thérapeutique », parrainé par la société française d’alcoologie, avec le soutien du laboratoire Lundbeck.
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