Recrudescence de la cocaïne

Une prise en charge complexe

Publié le 05/03/2012
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LA COCAÏNE est, après le cannabis, la deuxième drogue illicite consommée en Europe. En dix ans, les prix ont été divisés par 2 à 3 et l’extension de la consommation de cette drogue, qui existe sous forme de poudre ou de crack, concerne toutes les classes sociales. En France, on estime à 250 000 le nombre de personnes qui consomment de la cocaïne régulièrement, dont 20 % deviendront dépendantes à long terme. Chez les 15-16 ans, la prévalence de l’expérience de consommation est d’environ 5 %. La consommation moyenne standard est de 2 à 3 fois par semaine, le sujet étant par ailleurs abuseur ou non d’alcool et consommateur ou non de benzodiazépines.

Les effets aigus de la cocaïne sont surtout marqués par une euphorie, effet recherché qui ne dure que quelques minutes et est suivi par une phase de « descente », caractérisée par des signes inverses. La consommation est associée à de nombreuses complications, ce qui implique de faire un bilan clinique complet chez les patients dépendants : cardio-vasculaire, neurologique, infectieux (avec notamment une recrudescence de la syphilis), respiratoire, ORL, dermatologique et psychiatrique. Sur ce dernier plan, il s’agit en particulier de délires, de paranoïa (très fréquente après 3 ans de consommation), de dépression et de tentatives de suicide ou encore d’attaques de panique.

« La prise en charge des sujets dépendants est complexe car il n’y a pas de traitement substitutif », a rappelé le Dr Laurent Karila (Villejuif). Il faut cibler les différents axes que sont l’euphorie, le craving, les manifestations aiguës du sevrage, l’intoxication aigue, les comorbidités, en visant l’abstinence. Une première échelle française d’évaluation du craving vient d’être validée : Cocaine Craving Questionnaire, version brève en dix items. La prise en charge, qui doit se faire dans le cadre d’un programme structuré d’au moins une année, associe le recours à diverses molécules -dont aucune n’est validée- à un traitement psychothérapeutique à type d’entretiens motivationnels lors de l’initiation de l’abstinence, puis de thérapie cognitive et comportementale dans la phase de maintien. « Dans notre centre à l’hôpital Paul Brousse, le taux de guérison est de 70 % à un an », conclut le Dr Karila.

D’après la séance plénière « Nouvelles cliniques, nouvelles stratégies », modérée par les Drs William Pitchot (Belgique) et Stéphane Mouchabac (Paris).

Dr ISABELLE HOPPENOT
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Source : Le Quotidien du Médecin: 9092