« Les patients ne veulent pas être à nouveau malades. Autrement dit ils veulent de tout cœur échapper à la récidive. Et ils attendent des réponses, des recommandations en terme d’hygiène de vie. Il est de notre rôle et de celui de leur médecin généraliste de leur en donner. Et de les accompagner dans cette démarche. A un moment où, en "sortie" de cancer, après la bataille..., ils se sentent souvent seuls, désemparés, déprimés ».
Peu de données formelles en prévention tertiaire mais des recommandations
« Aujourd’hui, même si l’on manque encore de données formelles en prévention tertiaire, les recommandations existent. Nous les devons à nos patients », résume Y.-J. Bignon.
Les recommandations internationales et nationales de prévention en cancérologie dérivent globalement des travaux menés par le World Cancer Research Fund WCRF (http://www.wcrf.org). « Ce groupe d’experts internationaux analyse l’ensemble des données concernant la nutrition, activité physique et cancer. Avec à la clé l’édition, régulière, de rapports très documentés et des recommandations ».
Les dernières recommandations généralistes datent de 2007 (1), une mise à jour est en cours. Entre-temps, plusieurs rapports dédiés à telle tumeur ont néanmoins été édités notamment dans le cancer du sein après la ménopause en 2010 (2), l’ovaire en 2014 (3) et le cancer colorectal en 2011 (4).
« On a désormais un haut niveau d’évidence en prévention primaire, mais pas en tertiaire. Les recommandations nutritionnelles de prévention tertiaire sont donc globalement calquées sur la prévention primaire. L’équilibre nutritionnel et le contrôle du poids en particulier recommandé dans de très nombreuses tumeurs (4,5). Même s’il est évident qu’on n’est pas tout à fait dans la même situation en prévention tertiaire et primaire », note Y.-J. Bignon
«Il y a aussi quelques recommandations tertiaires dédiées, en particulier dans les cancers du tube digestif, de l’estomac (épices) et en hématologie (exposition aux toxiques). L’alcool et le tabac étant eux considérés comme des facteurs de risque primaire mais aussi tertiaire dans de nombreux cancers en particulier ORL, de la vessie, des voies aérodigestives supérieures et, pour l’alcool, du foie ».
Enfin on n’a guère plus d’évidences sur le bénéfice de l’activité physique en prévention tertiaire, alors qu’en prévention primaire, il est largement documenté. « Elle doit toutefois être systématiquement recommandée tant pour son effet sur l’humeur que sur le poids, la masse grasse/maigre. D’autant que les traitements, l’alitement et le cancer lui-même induisent une fonte musculaire. L’activité physique, associée au besoin à des suppléments protéinés, peut en effet la minorer ».
Entretien avec le Pr Yves-Jean Bignon (Clermont-Ferrand)
(1) WCRF/AICR’s Second Expert Report, Food, Nutrition, Physical Activity, and the Prevention of Cancer: a Global Perspective, 2007. (http://www.dietandcancerreport.org/expert_report/#sthash.uq2wC6pH.dpuf)
(2) Breast Cancer 2010 Report. Food, Nutrition, Physical Activity, and the Prevention of Breast Cancer
(http://www.wcrf.org/PDFs/CUP-reports-SLRs/Breast-Cancer-2010-Report.pdf)
(3) Ovarian Cancer 2014 Report. Food, Nutrition, Physical Activity, and the Prevention of Ovarian Cancer
(http://www.wcrf.org/PDFs/CUP-reports-SLRs/Ovarian-Cancer-2014-Report.pdf)
(4) Colorectal Cancer 2011 Report. Food, Nutrition, Physical Activity, and the Prevention of Ovarian Cancer
(http://www.wcrf.org/PDFs/CUP-reports-SLRs/Colorectal-Cancer-2011-Report.pdf)
(5) DY Fong et al: Physical activity for cancer survivors: meta-analysis of randomised controlled trials. BMJ 344:e70, 2012
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