LES RECOMMANDATIONS, nationales et internationales, pour la prise en charge des diarrhées aiguës du nourrisson et du jeune enfant, mettent toutes l’accent sur l’importance d’une réhydratation orale et d’une réalimentation précoce. La réhydratation orale, qui doit être instaurée dès les premières heures, vise à assurer les apports en eau, sodium, potassium et chlore ; l’absorption intestinale de sodium est facilitée par des apports en glucides et l’acidose est prévenue par l’adjonction de bicarbonates ou de citrates.
L’eau pure, l’eau de riz ou les préparations à base de cola sont à proscrire. Les préparations maison seront évitées, en raison de leur composition, variable et difficile à préciser. En revanche les solutés de réhydratation par voie orale (SRO) ont fait la preuve de leur efficacité : la mortalité est réduite de 93 % s’ils sont administrés de manière systématique. Ils doivent donc être privilégiés, pourtant ils restent encore largement sous-utilisés en France (62 % des cas). Ce, malgré leur remboursement depuis 2003. Une méconnaissance ou une mauvaise utilisation de ces solutés pourrait être en cause.
Une fois la solution reconstituée (un sachet dilué dans 200 ml d’eau, conservation au réfrigérateur), elle doit être administrée à l’enfant par petites quantités successives, de l’ordre de 10 ml toutes les 15 à 60 minutes, en visant un objectif de 100 ml/kg sur 4 à 6 heures. Il faut laisser ensuite l’enfant boire librement en fonction de sa soif.
Les vomissements ne constituent pas une contre-indication à la réhydratation par voie orale : le recours aux SRO permet au contraire de les limiter, car ils sont souvent liés à la cétose et disparaissent donc avec l’apport en glucides.
Réalimenter au plus tôt.
Quant à la réalimentation, elle doit aussi être précoce. La suppression des apports lactés, longtemps de mise, n’est plus recommandée, car elle est une source de prolongation de la diarrhée et de malnutrition. La réalimentation précoce, normocalorique, permet une diminution du volume des selles, un raccourcissement de la durée de la diarrhée et une meilleure reprise du poids, comme l’ont démontré plusieurs études cliniques contrôlées. En pratique, la réalimentation doit être débutée le plus tôt possible après la réhydratation. Chez l’enfant nourri au sein, l’allaitement est repris, voire n’est pas interrompu. Si l’enfant recevait préalablement une préparation pour nourrisson (PNB), les modalités de la réalimentation dépendent de l’âge, du type de PNB et de la sévérité de la déshydratation.
Avant les âges de 4 à 6 mois, en cas d’alimentation avec une PNB classique et dans le cadre d’une déshydratation de moins de 5 %, la prise en charge de la diarrhée aiguë se base sur l’administration de SRO et la poursuite du lait habituel. Si la déshydratation est modérée, l’alimentation est reprise après 2 à 4 heures de SRO seul, soit avec le lait habituel, soit, pour les moins de 4 mois, avec un lait pauvre en lactose ou avec un hydrolysat extensif de protéines. En effet, le risque d’intolérance au lactose ou de sensibilisation aux protéines lactées augmente avec la sévérité de la diarrhée et la dégradation de l’état nutritionnel. Enfin, en cas de déshydratation sévère (>10 %) ou prolongée, la réalimentation est engagée après 4 à 6 heures de SRO, en utilisant plutôt un hydrolysat extensif de protéines pendant 2 à 3 semaines, avant de reprendre le lait habituel.
Chez les nourrissons de plus de 4 à 6 mois ayant une alimentation déjà diversifiée, le lait habituel est utilisé parallèlement à la réhydratation. Puis les aliments ayant des propriétés antidiarrhéiques connues (carottes, riz, pommes-coings, bananes) sont ensuite rapidement associés au lait.
D’après la communication du Dr Jean-Pierre Chouraqui, Grenoble : « Prise en charge diététique des diarrhées aiguës du nourrisson et du jeune enfant ».
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