Des ateliers à la Pitié-Salpêtrière

« Manger quand on a faim », tout un programme d’éducation nutritionnelle

Publié le 23/01/2014
Article réservé aux abonnés

Janvier, c’est le mois des bonnes résolutions, pourquoi pas nutritionnelles. Et si la volonté fait défaut, des ateliers nutritionnels et maintenant le e-coaching aident les patients à se prendre en charge. Somme toute, les règles hygiénodiététiques ont peu changé au fil du temps.

Des ateliers de nutrition à la Pitié-Salpêtrière

Limiter l’excès calorique reste toujours un challenge compliqué pour les patients présentant un surpoids et une pathologie cardiovasculaire, comme l’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie, l’hypertriglycéridémie ou l’insulinorésistance.

Les Ateliers d’éducation thérapeutique de la Pitié Salpêtrière auxquels sont conviés les patients s’attachent tout d’abord à travailler sur le rythme alimentaire. La règle d’or : garder et respecter le rythme alimentaire et donc apporter les calories aux bons moments. Ce qui se traduit pour le patient par : « manger quand on a faim » et « sortir de cette culpabilité du grignotage ».

Il est interdit d’interdire

Des nutriments qui sont souvent exclus de l’alimentation en raison d’idées reçues : « aliments gras donc interdits ». Or ils ont l’énorme avantage de « couper l’appétit » et font surtout partie des recommandations nutritionnelles pour prévenir le risque cardiovasculaire car composés principalement d’acides gras insaturés et riches en fibres. De plus, ils peuvent se transporter facilement et être mangés discrètement.

Les patients sont ensuite éduqués sur les sensations de faim mais aussi de satiété. « On mange quand on a faim mais on s’arrête de manger dès que la faim disparaît ». Le « test des 20 % », qui consiste à supprimer 1/5 du repas en volume, une fois celui-ci préparé, est intéressant car il apprend au patient à mieux ressentir cette sensation de satiété et donc à mieux doser sa portion calorique.

L’aliment « doudou »

Les autres ateliers thérapeutiques concernent davantage la qualité nutritionnelle des aliments. Fabienne Delestre rappelle l’importance de l’identification, lors de l’enquête alimentaire préliminaire, de l’« aliment doudou ». Il s’agit d’un aliment qui a une place majeure dans les repas des patients. Le pain, le fromage, la pâtisserie sont les « doudous » le plus souvent cités. La diététicienne s’attache alors à adapter ses recommandations nutritionnelles autour de cet aliment « doudou » pour éviter toute sensation de manque ou de frustration chez le patient, voire d’abandon de régime. Autre point faible relevé par les diététiciennes : l’absence voire la quasi-exclusion des légumes secs dans les repas. Ceux-ci, dont les atouts sont reconnus dans le domaine cardiovasculaire, sont progressivement réhabilités dans les recettes élaborées dans le cadre de ces ateliers.

D’après un entretien avec Fabienne Delestre, Diététicienne, APHP

Dr Isabelle Stroebel

Source : Le Quotidien du Médecin: 9295