Les probiotiques sont essentiellement des lactobacilles et des bifidobactéries dont on connaît au moins l’innocuité en dehors de situations particulières (déficit immunitaire sévère ou pathologie digestive lourde), les risques potentiels de bactériémie (et d’endocardite éventuelle conséquente), d’acidose lactique ou de transfert d’un microgène de résistance aux antibiotiques ayant été formellement écartés. Les prébiotiques sont des substrats non digestibles, sucres complexes qui stimulent la croissance de certaines bactéries “bénéfiques “de l’hôte.
Depuis le yaourt bulgare, plus que centenaire aujourd’hui, les probiotiques font l’objet d’un nombre grandissant d’études, à leur acmé ces dernières années, sur de petits effectifs toutefois. Les métaanalyses qui les regroupent sont difficiles à interpréter en raison de la non standardisation des souches (chacune ayant des propriétés spécifiques), des contextes pathologiques différents, etc.
Microbiote et immunité
Néanmoins, si l’on connaît encore mal les meilleures souches, doses et modalités d’administration, des relations très fortes, bidirectionnelles, entre le microbiote et le système immunitaire de l’hôte ont d’ores et déjà été mises en évidence. De la modulation du microbiote dépend la programmation métabolique et immunitaire du petit enfant. Reste à trouver comment mieux le moduler, entre adjonction de probiotiques, à l’évidence une bonne idée, et transplantation fécale…
Les études qui concernent les pathologies infectieuses, digestives surtout, sont les plus avancées. Ainsi, les probiotiques permettent de réduire la durée d’une diarrhée de 24 heures, certaines souches préviennent l’apparition d’une diarrhée à rotavirus chez des enfants hospitalisés et Saccharomyces boulardii (l’ultralevure !), au statut de médicament, est historiquement utilisé pour la prévention des diarrhées aux antibiotiques. Des effets modestes, mais concordants et documentés. Les données sont en revanche contradictoires sur la prévention des infections respiratoires des nourrissons, même si l’on enregistre quelques petits signes en faveur d’une réduction des infections respiratoires hautes (pas des otites).
L’allergie est le terrain sur lequel l’on dispose du plus grand nombre d’études récentes. Les probiotiques protègent modestement de la survenue d’une dermatite atopique, n’ont pas d’incidence sur l’asthme et les épisodes de wheezing et, ajoutés (L. rhamnosus GG) à un hydrolysat, faciliteraient l’acquisition de la tolérance aux protéines du lait de vache.
Maladies digestives
Les probiotiques toujours pourraient être indiqués dans le cadre des maladies inflammatoires intestinales, de constipation, du syndrome de l’intestin irritable, de coliques du nourrisson (L. reuterii), de l’ex-prématuré notamment, ou en prévention de l’entérocolite ulcéro-nécrosante du prématuré.
Pour ce qui est des prébiotiques, dont la sécurité est complète, les études sont moins nombreuses. À noter, une méta-analyse Cochrane de 2013 qui pointe un effet modeste sur la dermatite atopique.
D’après un entretien avec le Dr Alexis Mosca, gastropédiatre à l’Hôpital Robert Debré (Paris)
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