Quand la fête est finie

Une recrudescence d’accidents aux lasers festifs

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Publié le 25/09/2020
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L’utilisation croissante des lasers festifs risque d’engendrer l’augmentation des accidents oculaires, en particulier des hémorragies prérétiniennes. En l’absence de recommandations, un algorithme de prise en charge a été proposé.
Des cas à répertorier sur le territoire

Des cas à répertorier sur le territoire
Crédit photo : Phanie

Cinq patients ont consulté au CHU de Lille en un mois — dont trois durant le même week-end — pour des hémorragies rétro-hyaloïdiennes (ou prérétiniennes) avec baisse d’acuité visuelle (AV) brutale à type de scotome central. Ces patients étaient âgés de 19 à 30 ans et n’avaient pas d’antécédents connus. « En l’absence d’effort à glotte fermée, nous avons recherché une autre étiologie, explique la Dr Léa Pitoun (CHU de Lille). Ce qui nous a amenées à une revue de la littérature autour d’hématomes rétro-hyaloïdien secondaires à une exposition à des lasers militaires ou, bien plus nombreux, à des lasers récréatifs ».

La prise en charge des hématomes prérétiniens est mal codifiée. Certains auteurs préconisent une prise en charge rapide dans les 24 à 48 heures, mettant en avant le risque de fibrose secondaire, celui de séquelles fonctionnelles liées à la toxicité rétinienne des produits de dégradation de la fibrine et le coût généré par le handicap fonctionnel du patient ; d’autres au contraire préconisent de surveiller 15 à 30 jours avant de prendre une décision thérapeutique, du fait de la tendance spontanée à la résorption de l’hémorragie (sur plusieurs mois) et du faible risque de toxicité rétinienne, l’atteinte étant pré- et non sous-rétinienne. Par ailleurs la hyaloïdotomie postérieure par laser Yag ou Argon, si elle permet une réhabilitation visuelle très rapide, peut être délicate en cas de cataracte et peut se compliquer d’un trou maculaire ou d’une membrane épirétinienne. La taille de l’hémorragie est également un paramètre à prendre en compte.

Devant un hématome maculaire rétro-hyaloïdien récent, il est proposé l’abstention thérapeutique si sa taille est inférieure à trois fois la surface papillaire. Si elle est supérieure, le choix est laissé entre la surveillance ou le laser. « Nous avons été surpris par la concentration des cas sur une courte période et un registre national des complications de ces lasers serait intéressant, souligne l’ophtalmologue. Nous n’avons pas reçu de nouveaux cas depuis, les lasers ayant été retirés par les gérants des discothèques et l’épidémie de Covid ayant fermé celles-ci ».

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Dr Maia Bovard-Gouffrant

Source : Le Quotidien du médecin